Un nouveau rapport dans Réseau JAMA ouvert rend compte des facteurs associés au dépistage du cancer de la prostate chez les femmes transgenres.
Arrière-plan
On ne sait pas grand-chose de l’incidence du cancer de la prostate dans cette population, mais certaines recherches indiquent qu’elle pourrait atteindre 14 pour 10 000 cas. De plus, les femmes transgenres sous hormonothérapie sont plus susceptibles de développer une maladie agressive, potentiellement en raison d’un retard de diagnostic dû à une mauvaise interprétation des valeurs du test d’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le contexte des effets suppresseurs des œstrogènes.
À l’heure actuelle, il n’existe aucune directive indiquant quand le dépistage du cancer de la prostate par test PSA doit être effectué chez les femmes transgenres. Cependant, on sait qu’ils courent un risque accru de développer ce cancer puisque la prostatectomie ne fait pas partie de la procédure chirurgicale visant à changer de sexe chez ces personnes.
La présente étude visait à identifier les facteurs communs aux femmes transgenres ayant subi un test de dépistage du PSA au cours des deux années précédentes par rapport aux hommes cisgenres.
Qu’a montré l’étude ?
Les données proviennent des enquêtes du système de surveillance des facteurs de risque comportementaux (BRFSS) de 2018 et 2020, réalisées par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Cette enquête couvre plus de 400 000 adultes américains chaque année.
Dans la présente étude, il y avait près de 1 300 participants, tous âgés de 40 ans ou plus, sans antécédents de cancer de la prostate. Environ 260 femmes transgenres ont été jumelées à plus de 1 000 hommes. Environ 45 % avaient entre 55 et 69 ans. Près de 80 % étaient blancs.
Les femmes transgenres étaient moins susceptibles d’avoir un diplôme universitaire ou d’avoir un emploi actuel et avaient plus de mal à payer les frais de santé que les hommes cisgenres. Les chances qu’ils gagnent 75 000 $ ou plus par an étaient bien inférieures à celles des hommes cisgenres.
Dans la tranche d’âge de 55 à 69 ans, le dépistage du PSA a été réalisé au cours des deux années précédentes chez plus d’une femme transgenre sur cinq, contre bien plus d’un homme cisgenre sur trois. Les pourcentages dans le groupe des plus de 70 ans étaient similaires entre les groupes, à environ 40 %.
Une fois appariés pour des facteurs de confusion, tels que si un médecin avait recommandé ou discuté d’un test PSA ou le temps écoulé depuis la dernière visite clinique, il n’y avait pas de différence significative dans les proportions de dépistage entre les deux groupes. Le facteur le plus important associé au dépistage du PSA chez les femmes transgenres était la recommandation d’un médecin par rapport au test, ces personnes étant 12 fois plus susceptibles d’être testées. De même, si un médecin avait discuté des avantages du test PSA, les chances étaient presque multipliées par 8.
Cependant, les personnes ayant un niveau d’éducation plus élevé et des revenus plus élevés étaient également plus susceptibles d’avoir récemment subi un dépistage. Le fait d’avoir un diplôme universitaire augmentait de 2,55 fois les chances de subir un dépistage récent.
Les personnes plus âgées (70 ans ou plus) étaient presque deux fois plus susceptibles d’avoir subi un dépistage récemment que celles âgées de 55 à 69 ans. Cela corrobore les rapports antérieurs. La différence dans les taux de dépistage dans le groupe d’âge plus jeune reste inexpliquée et ne varie pas selon la fréquence de suivi en soins primaires.
Quelles sont les implications ?
Il s’agit jusqu’à présent de l’une des plus grandes études de cohorte sur le dépistage du PSA chez les femmes transgenres. Même s’il apparaît en surface que les femmes transgenres sont moins susceptibles de se soumettre à un dépistage que les hommes cisgenres, la différence devient plus petite et statistiquement insignifiante lorsqu’on tient compte de l’influence de la recommandation d’un médecin de faire le test.
L’effet important des recommandations des cliniciens sur le taux de dépistage du PSA chez les femmes transgenres rend important que les médecins se informent sur la meilleure façon de traiter les patients transgenres. Des études plus approfondies sont essentielles pour parvenir à une estimation quantitative du rapport coût-efficacité du dépistage du PSA chez les femmes transgenres.