Dans une récente étude longitudinale prospective publiée dans Rapports scientifiquesles chercheurs ont évalué les réponses immunitaires humorales et cellulaires à la vaccination contre la coqueluche chez les patients atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC).
Étude: Réponse immunitaire au vaccin contre la coqueluche chez les patients atteints de MPOC. Crédit d’image : VadiFuoco/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
La MPOC, caractérisée par une inflammation pulmonaire chronique qui altère l’immunité pulmonaire, augmente la susceptibilité d’un individu à toutes les infections pulmonaires. Le déclin exacerbé de la fonction pulmonaire entraîne une morbidité et une mortalité importantes chez les patients atteints de MPOC.
Dans l’une de leurs études précédentes, les chercheurs ont constaté une diminution de la réponse immunologique à la vaccination contre la grippe saisonnière chez les patients atteints de MPOC. Cela soulève la possibilité que d’autres vaccins soient également moins efficaces chez les patients atteints de MPOC. Ainsi, des stratégies de prévention des maladies visant à prévenir les infections pourraient être en jeu, soulevant des inquiétudes en matière de santé publique.
La coqueluche, causée par Bordetella pertussis, est une infection respiratoire aiguë pour laquelle le vaccin anticoquelucheux acellulaire (aP) est disponible. Récemment, des cas de coqueluche ont resurgi chez des adultes de plus de 65 ans aux États-Unis.
La majorité de ces cas, c’est-à-dire plus de 26 %, sont survenus chez des patients BPCO, nécessitant ainsi une évaluation de l’efficacité de la vaccination aP chez les patients BPCO.
À propos de l’étude
Dans la présente étude monocentrique, les chercheurs ont recruté huit volontaires sains et 13 patients atteints de BPCO stable entre septembre 2018 et mai 2019 dans une clinique externe pulmonaire de l’hôpital Henri Mondor en France.
Les patients n’avaient aucun antécédent d’exacerbation de la fonction pulmonaire ou d’infection respiratoire dans le mois précédant le début de l’étude. De plus, ils répondaient aux critères d’éligibilité pour recevoir le vaccin diphtérie-tétanos-polio-coqueluche (Tdap).
Tout d’abord, l’équipe a administré une dose unique de Tdap par voie intramusculaire (jour zéro). Ils ont demandé à tous les participants de venir faire un don d’échantillon de sang les jours zéro (avant la vaccination), sept, 15 et 30 après la vaccination.
Ensuite, les chercheurs ont examiné la réponse immunitaire humorale aux jours zéro et sept, en particulier les cellules auxiliaires folliculaires T (Tfh) et les plasmablastes. De plus, ils ont mesuré les titres d’anticorps contre la coqueluche dans le sérum à l’aide d’échantillons de sang prélevés aux jours zéro et 30.
L’équipe a utilisé la coloration intracellulaire des cytokines pour évaluer les réponses spécifiques aux lymphocytes T à l’aide d’échantillons prélevés 15 jours après la vaccination. A cette fin, ils ex vivo cellules mononucléées du sang périphérique stimulées (PBMC) avec un B. coqueluche pool de peptides. L’équipe a également analysé les surnageants des cellules stimulées.
Résultats
Les 13 patients atteints de MPOC et les huit témoins avaient un âge médian de 68 et 64 ans, respectivement. Il y avait respectivement six et 12 hommes chez les volontaires sains et le groupe MPOC. Comme prévu, les patients atteints de COPS avaient un volume expiratoire maximal en 1 s (FEV1) et une capacité vitale forcée (FVC) inférieurs, soit 57 % contre 102 % et 77 % contre 101 %.
Les données de l’étude ont montré que chez les patients atteints de MPOC, le schéma de réponse immunitaire à la vaccination contre la coqueluche était en contraste frappant avec la vaccination contre la grippe. Les chercheurs ont cité quelques raisons possibles de l’écart observé.
Premièrement, la prévalence des infections coquelucheuses est inférieure à celle des infections grippales, peut-être en raison du succès de ses programmes de vaccination, qui ont entraîné une exposition moindre aux antigènes coquelucheux.
Deuxièmement, le calendrier de vaccination Tdap impliquait généralement moins de doses, réduisant les possibilités d’amorçage immunitaire et développant des effets de péché antigénique originel (OAS). Troisièmement, cela est également possible en raison des différences dans la conception des vaccins et la composition des adjuvants des vaccins pour les deux maladies.
En conséquence, les auteurs n’ont noté aucune différence marquée dans les cellules B circulantes, le groupe de sous-ensembles de cellules T de différenciation (CD) 4 + et CD8 + et les cellules TFH. Cependant, ils ont observé une augmentation du nombre de lymphocytes B naïfs et une baisse du nombre de lymphocytes B mémoire chez les patients atteints de MPOC.
De plus, il y avait une augmentation significative de TFH et de plasmablastes au septième jour après la vaccination, suggérant une induction réussie de la réponse humorale. De plus, les deux groupes présentaient des taux d’anticorps spécifiques à la coqueluche comparables 30 jours après la vaccination.
Dans les 15 jours suivant la vaccination, les lymphocytes T CD4+ spécifiques à la coqueluche étaient équivalents dans les deux groupes, comme quantifié par la coloration de l’interféron-gamma, de l’interleukine-2 et du facteur de nécrose tumorale alpha.
Conclusion
Pour résumer, les données de l’étude ont confirmé que les patients atteints de MPOC ne sont pas moins sensibles à toutes les vaccinations. Même s’ils sont généralement vulnérables, ils ont développé une réponse immunologique très efficace à la vaccination contre la coqueluche.
Ainsi, les cliniciens devraient envisager de fournir des rappels décennaux de Tdap aux patients atteints de MPOC.