Des recherches menées à l'UMC Utrecht ont permis d'identifier 29 nouveaux anticorps contre la bactérie Klebsiella pneumoniaeune cause importante d’infections résistantes aux médicaments. En utilisant des approches génétiques et fonctionnelles, les chercheurs ont également réussi à comprendre comment ces anticorps interagissent avec les antigènes présents à la surface bactérienne. Enfin, ils ont découvert que certains de ces nouveaux anticorps agissent en synergie pour neutraliser ce pathogène.
Le problème croissant de la résistance aux antimicrobiens (RAM) nécessite de toute urgence le développement de thérapies alternatives contre les infections bactériennes. Une stratégie prometteuse consiste à renforcer le système immunitaire par le biais d'anticorps, soit indirectement via la vaccination, soit directement via des anticorps thérapeutiques. L'un des principaux mécanismes par lesquels les anticorps peuvent tuer les bactéries est l'activation du système du complément lors de la liaison aux antigènes de surface des bactéries. L'activation de la cascade du complément peut conduire à la destruction bactérienne par l'insertion de grands pores dans la membrane cellulaire ainsi que par phagocytose. Cependant, la manière exacte dont se déroule la destruction bactérienne par l'intermédiaire des anticorps via le complément reste mal comprise. En outre, il est nécessaire de disposer de nouveaux outils pour identifier les anticorps antibactériens et pour étudier en profondeur la manière dont ces anticorps interagissent avec les structures de surface bactériennes. Le professeur Suzan Rooijakkers et ses collègues du département de microbiologie médicale de l'UMC Utrecht ont mis au point une approche innovante pour identifier de nouveaux anticorps antibactériens à partir de cellules B à mémoire humaine.
De nouveaux anticorps identifiés
Bien qu'il soit courant de colorer les cellules B avec des antigènes purifiés, les chercheurs ont décidé d'adopter une approche plus holistique et de colorer les cellules B avec des bactéries vivantes entières, conservant ainsi les antigènes dans leur contexte naturel. Grâce à cette approche, ils ont réussi à identifier 29 anticorps uniques contre le pathogène humain opportuniste Klebsiella pneumoniaeune cause importante d'infections contractées à l'hôpital avec une résistance croissante aux antimicrobiens. Les chercheurs ont révélé que des antigènes spécifiques à la surface bactérienne déterminaient la capacité de l'anticorps à stimuler l'activation du complément et la destruction bactérienne. De plus, des analyses de mélanges d'anticorps ont révélé que certains anticorps agissaient en synergie en améliorant la liaison de chacun à la surface bactérienne.
« Nous prévoyons que notre nouvelle approche accélérera la découverte d'anticorps monoclonaux contre les agents pathogènes bactériens. De plus, nos travaux stimuleront le domaine pour explorer si les combinaisons d'anticorps sont une voie prometteuse pour développer des thérapies efficaces à base d'anticorps contre les infections problématiques. »
Suzan Rooijakkers, chercheuse principale, professeur de microbiologie à l'UMC Utrecht