Dans une étude récente publiée dans la revue Médecine naturelledes chercheurs ont examiné la variabilité de la glycémie à jeun (FG) chez des adultes non diabétiques à l'aide d'une surveillance continue de la glycémie (CGM), évaluant son impact sur la classification du diabète et son association avec des mesures cliniques.
Étude : Surveillance continue de la glycémie et variabilité intrapersonnelle de la glycémie à jeun. Crédit d'image : Suriyawut Suriya/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
L’augmentation mondiale du prédiabète et du diabète entraîne des risques sanitaires et financiers importants. Le diagnostic repose principalement sur une glycémie plasmatique à jeun élevée (PFG), des taux d'hémoglobine glyquée (HbA1c), le test oral de tolérance au glucose (OGTT) ou une glycémie aléatoire chez les individus symptomatiques. Cependant, l'OGTT est souvent contournée en raison de son coût et de ses inconvénients, laissant la PFG et l'HbA1c comme outils de diagnostic clés, en particulier pour les cas asymptomatiques. Malgré son importance diagnostique, la variabilité quotidienne du PFG chez les individus non diabétiques reste sous-explorée, conduisant potentiellement à un diagnostic erroné. Les appareils CGM, qui mesurent les niveaux de glucose interstitiel, offrent une précision améliorée au fil du temps et sont désormais utilisés indépendamment ou dans des systèmes hybrides en boucle fermée pour le dosage de l'insuline. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour développer des critères de diagnostic basés sur la CGM qui reflètent avec précision la variabilité intrapersonnelle des niveaux de FG et leurs implications cliniques.
À propos de l'étude
La présente étude a analysé les données de l'étude 10K, en se concentrant sur les individus âgés de 40 à 70 ans. Au départ, diverses mesures, notamment le mode de vie, les habitudes nutritionnelles, les signes vitaux et les antécédents médicaux, ont été recueillies parallèlement à des tests spécifiques tels que des analyses de sang, une électrocardiographie et une CGM à l'aide du système FreeStyle Libre Pro Flash pendant deux semaines. Cette étude a inclus des participants sans diagnostic autodéclaré de diabète de type 2 ou de maladies connexes qui se sont également engagés dans un enregistrement actif des repas parallèlement à leurs données CGM. Les critères d'exclusion étaient rigoureux, notamment des lectures CGM anormales et un enregistrement inadéquat des repas.
La recherche a particulièrement mis l'accent sur les mesures FG le matin, en utilisant les données CGM pour observer la variabilité intrapersonnelle et son impact potentiel sur le diagnostic du diabète. La méthodologie garantissait une émulation réaliste des conditions de jeûne, en s'appuyant sur au moins 8 heures sans apport calorique avant les fenêtres de mesure et sur des critères rigoureux d'enregistrement des repas. Un total de 8 315 individus avec 59 565 fenêtres matinales de jeûne ont été analysés pour déterminer la variabilité du FG et sa corrélation avec diverses mesures cliniques, notamment l'anthropométrie, les signes vitaux et la surveillance du sommeil, entre autres. La surveillance du sommeil a employé la Food and Drug Association (FDA)-appareil WatchPAT-300 approuvé, tandis que l'imagerie rétinienne détaillée et d'autres mesures de santé ont été soigneusement analysées pour les associations avec la variabilité FG. En outre, l'étude a appliqué des analyses statistiques pour explorer la relation entre la variabilité du FG et les mesures cliniques, en tenant compte de l'âge et du sexe.
Résultats de l'étude
En analysant les mesures FG de 8 315 individus sur 59 565 fenêtres matinales, les chercheurs ont approfondi les détails de la variabilité FG et ses implications pour la classification du diabète. Les participants à l’étude, âgés en moyenne de 51,3 ans, avaient un indice de masse corporelle (IMC) moyen de 25,92 ± 4,07 kg m−2. La collecte des données a été rigoureuse, les mesures FG du matin étant prises entre 6h00 et 9h00, après un minimum prédéfini de 8 heures de jeûne, bien que la durée moyenne réelle du jeûne soit supérieure à 10 heures. Notamment, la durée du jeûne n’a montré aucune corrélation significative avec les valeurs de FG.
La méthodologie de l'étude a été minutieuse dans le calcul du FG pour chaque individu, garantissant des fenêtres matinales valides grâce à des critères stricts, y compris l'enregistrement actif des repas. Cet examen à grande échelle a révélé une valeur moyenne de FG de 96,2 mg dl−1, qui augmente légèrement avec l'âge, indiquant une augmentation progressive des taux de glucose au fil du temps. L'analyse a également mis en évidence une variabilité quotidienne considérable des mesures de FG chez les individus, une découverte qui souligne la nature complexe du métabolisme du glucose et sa sensibilité à divers facteurs.
En évaluant le risque de classification erronée du diabète et du prédiabète en fonction des niveaux de FG, la recherche a mis en évidence une variabilité significative. Une partie notable des participants ont connu des changements dans leur classification de leur état glycémique tout au long de l'étude, soulignant les limites du recours à une seule mesure FG pour diagnostiquer le diabète. Cette variabilité, associée à la plage étroite définissant les niveaux de FG normaux et diabétiques, suggère la nécessité de critères de diagnostic raffinés pour mieux s'adapter aux fluctuations individuelles des lectures de glucose.
L'étude a également examiné les corrélations cliniques entre la variabilité du FG et divers indicateurs de santé tels que la composition corporelle, la tension artérielle et la fonction hépatique. Il est intéressant de noter que la variabilité du FG a montré des associations significatives avec plusieurs mesures cliniques, soulignant son potentiel en tant que marqueur de la santé métabolique. En particulier, les corrélations avec la composition corporelle et l'apport calorique quotidien suggèrent que la variabilité du FG pourrait refléter des processus métaboliques plus larges au-delà de la seule régulation du glucose.
Conclusions
Pour résumer, cette recherche a analysé les données FG de 8 315 personnes non diabétiques utilisant la CGM, révélant une variabilité significative de la FG qui remet en question la fiabilité des critères de diagnostic actuels du diabète basés sur la PFG. Les classifications initiales indiquaient que la plupart des participants avaient des niveaux de FG normaux, mais d'autres mesures suggéraient une évolution substantielle vers le prédiabète, soulignant le risque d'erreur de classification. L'étude a démontré que l'augmentation du nombre de tests FG pourrait réduire considérablement les erreurs de diagnostic. De plus, l'étude a révélé des associations significatives entre les niveaux de FG et diverses mesures cliniques dans les plages de glucose normales, ce qui suggère la nécessité d'une meilleure approche du diagnostic du diabète qui tienne compte de la variabilité et de la nature dynamique des niveaux de FG.