Les résultats suggèrent que la qualité du sommeil prénatal est un facteur clé influençant les résultats cérébraux et émotionnels du nourrisson.
Étude: Association entre la qualité du sommeil maternel prénatal, la substance blanche du fascicule unciné néonatal et l'émotivité négative du nourrisson. Crédit d’image : ambrozinio/Shutterstock.com
Dans une étude récente publiée dans le eBioMédecine, un groupe de chercheurs a étudié comment la qualité du sommeil maternel prénatal affecte le développement de la substance blanche du cerveau néonatal et l'émotivité négative ultérieure du nourrisson.
Sommaire
Arrière-plan
Les troubles du sommeil augmentent fréquemment pendant la grossesse et sont liés à une moins bonne santé mentale et physique de la mère. Cependant, l’impact intergénérationnel des perturbations du sommeil prénatal reste sous-exploré.
Le modèle DOHaD (Developmental Origins of Health and Disease) suggère que les premières périodes de la vie, y compris les phases prénatales, influencent de manière significative la santé tout au long de la vie.
Des études antérieures ont montré qu'un sommeil maternel prénatal inadéquat affecte les résultats de la naissance, tels qu'une naissance prématurée et un faible poids à la naissance, et peut influencer le développement socio-émotionnel de la progéniture, notamment une émotivité négative accrue, un facteur de risque de problèmes de santé mentale ultérieurs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier ces voies neurobiologiques.
À propos de l'étude
À trois moments de la grossesse (16, 29 et 35 semaines), les participantes enceintes ont elles-mêmes déclaré la qualité de leur sommeil. Environ cinq semaines après la naissance, la microstructure néonatale de la substance blanche de leurs nourrissons a été évaluée par imagerie par résonance magnétique (IRM), réalisée alors que les nourrissons dormaient naturellement.
Ce timing a permis aux chercheurs de se concentrer sur les influences prénatales tout en minimisant les facteurs environnementaux postnatals. L'émotivité négative du nourrisson a ensuite été évaluée à six mois au moyen d'observations en laboratoire et de rapports maternels.
L'étude a porté sur 116 couples mère-enfant recrutés dans le cadre du Care Project, qui étudie comment la thérapie interpersonnelle affecte la dépression maternelle prénatale et les résultats en matière de santé de l'enfant. Seuls les participants ne recevant pas de thérapie ont été inclus.
La cohorte était diversifiée sur le plan socio-économique et racial, reflétant les données démographiques de Denver. Pour soutenir l'accessibilité, les chercheurs ont proposé des horaires flexibles, une aide à la garderie et des options en ligne.
La qualité du sommeil prénatal a été mesurée à l'aide de l'indice de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI), qui évalue divers aspects du sommeil sur une échelle où des scores plus élevés indiquent une qualité inférieure. Soixante-cinq pour cent des participantes ont signalé un mauvais sommeil au début de la grossesse, pour atteindre 70,7 % plus tard.
L'émotivité négative du nourrisson a été évaluée au moyen de rapports maternels et d'une tâche comportementale robotisée mesurant la détresse.
Les analyses IRM ont évalué la substance blanche dans les principales voies fronto-limbiques liées au développement émotionnel, en particulier le faisceau unciné et le faisceau cingulum, avec des contrôles de qualité approfondis pour garantir la fiabilité des données.
Les modèles statistiques ont examiné les trajectoires de sommeil et les liens avec la substance blanche et l'émotivité, en tenant compte du stress prénatal, de l'anxiété et de la dépression. L'étude a exploré la substance blanche néonatale en tant que médiateur potentiel entre la qualité du sommeil maternel prénatal et l'émotivité négative du nourrisson, avec une sensibilité supplémentaire et des analyses basées sur le sexe pour clarifier les résultats.
Résultats de l'étude
La progression de la qualité du sommeil maternel prénatal a été mieux modélisée par une courbe de croissance quadratique, indiquant que les troubles du sommeil s'aggravaient généralement à mesure que la grossesse avançait. Les indices d'ajustement du modèle statistique ont confirmé cette relation quadratique, révélant une aggravation significative des problèmes de sommeil plus tard au cours de la gestation.
En analysant l'impact de ces trajectoires de qualité du sommeil sur la structure cérébrale néonatale, une moins bonne qualité du sommeil maternel tout au long de la gestation a été associée à une anisotropie fractionnaire accrue (FA) (une mesure de la directionnalité de la diffusion de l'eau dans le tissu cérébral) dans le fascicule unciné des nouveau-nés.
Cette relation persiste même après avoir pris en compte les facteurs de confusion potentiels, tels que le ratio revenu/besoins. Des analyses plus approfondies ont exploré si des mesures de diffusion spécifiques, telles que la diffusivité radiale (RD) ou la diffusivité axiale (AD), étaient liées à la qualité du sommeil maternel prénatal, trouvant une association avec la RD mais pas avec la MA dans le fascicule unciné bilatéral.
À l’inverse, la qualité du sommeil maternel prénatal n’était pas associée de manière significative à l’AF dans le cingulum néonatal, ce qui suggère un impact plus ciblé sur le fascicule unciné plutôt que sur un circuit fronto-limbique plus large.
Des analyses supplémentaires ont pris en compte les facteurs de stress prénatals, l'anxiété maternelle et la dépression, révélant que les associations entre la mauvaise qualité du sommeil maternel et l'AF du fascicule unciné néonatal persistaient malgré ces facteurs.
Les analyses de sensibilité, y compris l'exclusion des cas de consommation prénatale de substances ou de naissance prématurée, ont montré des tendances cohérentes, confortant ces résultats.
Les analyses des voies de contrôle, en particulier les voies corticothalamo-pariétales et du corps calleux, n'ont révélé aucune association significative entre la qualité du sommeil maternel et l'AF, soulignant que les associations observées étaient spécifiques au fascicule unciné et non générales à la structure de la substance blanche.
Compte tenu de la relation significative entre la qualité du sommeil maternel prénatal et l'AF unciné, des analyses de médiation ont été menées pour examiner si l'AF unciné néonatal influençait la relation entre les troubles du sommeil prénatal et l'émotivité négative ultérieure du nourrisson.
Les résultats ont indiqué qu'un sommeil maternel prénatal plus médiocre prédisait indirectement une plus grande émotivité négative chez les nourrissons en raison d'une augmentation de l'AF unciné bilatéral. Des analyses supplémentaires axées sur le moment des problèmes de sommeil prénatal (au début, au milieu et à la fin de la grossesse) n'ont pas donné lieu à un schéma distinct basé sur le moment.
En explorant les différences potentielles entre les sexes, des analyses de régression ont testé si le sexe du nourrisson modérait l'association entre la qualité du sommeil maternel et l'AF de la substance blanche néonatale dans le fascicule unciné et le cingulum.
Les résultats n'ont montré aucun effet modérateur du sexe, ce qui suggère que les associations entre la qualité du sommeil maternel prénatal et la substance blanche fronto-limbique néonatale ne sont pas influencées par le sexe du nourrisson.
Conclusions
Pour résumer, la qualité du sommeil maternel prénatal a un impact sur le développement fronto-limbique néonatal et prédit une émotivité négative plus élevée chez le nourrisson, un facteur de risque de problèmes de santé mentale ultérieurs.
L'augmentation des troubles du sommeil tout au long de la grossesse est en corrélation avec une FA plus élevée dans le fascicule unciné néonatal, qui est associée au traitement émotionnel. Cet effet de maturation précoce, spécifique à l'unciné, peut raccourcir la plasticité développementale, conduisant à une susceptibilité accrue à la psychopathologie.
Il est important de noter que les associations avec l'AF persistent au-delà du stress prénatal ou des influences sur la santé mentale, soulignant l'impact unique du sommeil prénatal sur le développement du cerveau du nourrisson. Ces résultats mettent en évidence la nécessité d’interventions prénatales sur le sommeil pour promouvoir un développement neurologique plus sain de l’enfant.