Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en Europe occidentale, représentant 1/3 des décès en 2019. L’alimentation serait responsable d’environ 30 % de ces décès. Les politiques de prévention liées à la nutrition constituent donc un enjeu majeur de santé publique pour ces maladies.
Dans un article à paraître le 11 septembre 2024 dans Lancet Santé régionale – Europe, Des chercheurs de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (CRESS-EREN), composée de membres de l’Inserm, de l’Inrae, du Cnam, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de l’Université Paris Cité, en collaboration avec des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (OMS-CIRC), rapportent un risque accru de maladies cardiovasculaires associé à la consommation d’aliments moins bien classés sur l’échelle Nutri-Score (nouvelle version 2024) au sein de la cohorte européenne EPIC. Au total, 345 533 participants de la cohorte, répartis dans 7 pays européens et suivis pendant 12 ans, ont été inclus dans les analyses.
Adopté officiellement en France en 2017 (et dans 6 autres pays européens depuis), le Nutri-Score vise à fournir une information rapide sur la qualité nutritionnelle des aliments et des boissons pour aider et inciter les consommateurs à les comparer et à choisir ceux qui offrent une meilleure qualité nutritionnelle. En parallèle, il incite les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits.
Le Nutri-Score comporte 5 catégories, allant de A (vert foncé – qualité nutritionnelle supérieure) à E (orange foncé – qualité nutritionnelle inférieure). Un algorithme classe chaque produit en fonction de ses teneurs – pour 100 g – en énergie, sucres, acides gras saturés et sel (à limiter) et protéines, fruits, légumes et légumineuses (à privilégier).
Plusieurs études publiées dans des revues scientifiques internationales ont montré la validité du Nutri-Score pour caractériser la qualité nutritionnelle des aliments et son efficacité pour orienter les consommateurs vers des choix plus nutritifs (plus de 140 publications). En particulier, des liens entre la consommation d’aliments ayant un Nutri-Score moins favorable (qualité nutritionnelle plus faible) et un risque accru de maladies cardiovasculaires ont jusqu’à présent été observés dans des études françaises (cohortes SU.VI.MAX et NutriNet-Santé). Des études menées en France, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie ont également observé des associations similaires avec un risque accru de diverses maladies chroniques ainsi qu’une mortalité plus élevée.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont intéressés à la dernière version de l’algorithme Nutri-Score (mis à jour en 2024, voir encadré), liée au risque de maladies cardiovasculaires, dans une large population répartie dans 7 pays européens, avec pour objectif d’apporter de nouvelles preuves scientifiques pour valider le Nutri-Score à l’échelle européenne. Elle fait suite à deux études publiées en 2018 et 2020 dans la même population sur le risque de cancer et la mortalité.
Au total, 345 533 participants de l'EPIC (Enquête prospective européenne sur le cancer et la nutrition) ont été incluses dans les analyses. Au cours du suivi (12 ans, entre 1992 et 2010), 16 214 participants ont développé une maladie cardiovasculaire (dont 6 565 infarctus du myocarde et 6 245 AVC). Les résultats montrent que les participants consommant en moyenne plus d'aliments ayant un Nutri-Score moins favorable, reflétant une qualité nutritionnelle plus faible, présentaient un risque accru de maladies cardiovasculaires, en particulier d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral. Ces associations étaient significatives après la prise en compte d'un grand nombre de facteurs sociodémographiques et de style de vie.
« Ces résultats confirment la pertinence du Nutri-Score comme outil de santé publique pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires dans le but de prévenir les maladies chroniques », souligne Chercheur Inserm Mélanie Deschasaux-Tanguy.
« Ils fournissent également des éléments clés pour soutenir l'adoption du Nutri-Score comme logo nutritionnel obligatoire en Europe »explique Mathilde Touvier, directrice de recherche Inserm.
Une nouvelle version du Nutri-Score en 2024
Des modifications du calcul du Nutri-Score ont récemment été proposées par le comité scientifique international chargé de son suivi afin d’améliorer sa cohérence avec les recommandations nutritionnelles. Cette nouvelle version du Nutri-Score devrait entrer en vigueur en 2024 avec un déploiement progressif dans les mois à venir. Toutefois, en raison de la réglementation européenne en matière d’étiquetage, les fabricants n’ont aucune obligation d’utiliser le Nutri-Score sur leurs emballages.
Si de nombreuses entreprises et marques (plus de 1 400 en France) se sont jusqu'à présent engagées à utiliser le Nutri-Score sur leurs produits, une harmonisation au niveau européen est nécessaire pour garantir la mise en place obligatoire d'un logo unique efficace et utile pour les citoyens. Cette harmonisation est envisagée dans le cadre du projet de la Commission européenne De la ferme à la table stratégie.