Le mercredi 14 août 2024, en réponse à la circulation active du virus de la variole du singe de clade 1 (MPXV) en Afrique centrale et à l’expansion récente d’un sous-type (1b) considéré comme plus mortel et transmissible en Afrique de l’Est, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale (USPI), ouvrant la voie à une coordination renforcée entre les systèmes de santé régionaux et à l’engagement actif des parties prenantes pour lutter contre cette épidémie mondiale. Le lendemain, jeudi 15 août, la Suède a signalé le premier cas positif de mpox de clade 1b sur le sol européen. Cela a conduit le gouvernement français à placer le système de santé français en alerte maximale le vendredi 16 août, et les autorités françaises ont désormais commencé à réévaluer les recommandations sanitaires établies en 2022 lors de la précédente épidémie de mpox en prévision de l’émergence probable de cas dans le pays.
Dans ces circonstances, l’Institut Pasteur contribue à la réponse nationale en prenant trois mesures immédiates :
1. La Direction de la Santé Publique du Ministère de la Santé a activé le Laboratoire d'Intervention d'Urgence face aux Menaces Biologiques (CIBU) de l'Institut Pasteur et analyse depuis le week-end, à la demande des autorités sanitaires françaises, des échantillons prélevés sur des cas suspects dans les hôpitaux parisiens ou au Centre Médical de l'Institut Pasteur pour établir un diagnostic mpox, en lien avec les établissements de santé de référence et en lien avec le Centre National de Référence – Laboratoire Expert (CNR-LE) des Orthopoxvirus.
2. Le Centre médical de l’Institut Pasteur, spécialisé en médecine des voyages (maladies infectieuses tropicales, dont dermatoses) et qui a pris en charge des patients atteints de mpox lors de la précédente épidémie en 2022, a activé son protocole interne afin que tout patient présentant des symptômes typiques de mpox et se présentant en consultation puisse être testé dans des conditions de sécurité optimales : les prélèvements sont effectués dans une salle isolée à pression négative et une procédure éprouvée de manipulation, de conditionnement et de transport des échantillons vers un laboratoire de biosécurité de niveau 3 est appliquée. En cas de test positif, les patients seront pris en charge en lien avec les établissements de santé de référence avec lesquels l’Institut Pasteur travaille en étroite collaboration.
3. Le Centre médical de l'Institut Pasteur a informé les autorités sanitaires qu'il était disponible pour vacciner tous les membres des populations ciblées par les recommandations sanitaires sur le mpox (en cours de révision), comme il l'a fait en 2022 où il a vacciné plus de 1 500 personnes à haut risque d'infection.
Avec la circulation active de cette nouvelle souche de mpox dans plusieurs pays africains et son émergence récente en Europe, il est probable que des personnes en France soient touchées. Il s’agit d’une situation sanitaire grave qui nous impose une grande vigilance. C’est pourquoi l’Institut Pasteur réagit activement, en s’appuyant sur des années de recherche sur ce virus et sur l’expérience acquise lors de l’épidémie de 2022. Nous sommes prêts à tester et vacciner les patients à la demande des autorités, en application du protocole sanitaire et en lien avec les établissements de santé de référence.
Yasmine Belkaid, Présidente de l'Institut Pasteur
L'Institut Pasteur a également décidé d'intensifier les recherches qu'il mène déjà depuis plusieurs années sur le mpox, notamment en Afrique centrale, pour contribuer à combattre et enrayer durablement les épidémies de mpox.
• Les objectifs de cette recherche sont d'identifier les réservoirs animaux du virus, ses mécanismes de transmission de l'animal à l'homme et entre humains, ainsi que la dynamique épidémique qui en résulte. L'expertise développée dans ce domaine est utilisée par les autorités sanitaires locales pour déterminer les mesures de santé publique appropriées pour lutter contre la propagation du virus.
• Ces recherches renforcent nos capacités de diagnostic grâce à des tests utilisables sur le terrain et à notre connaissance des sous-types de virus grâce au séquençage. Les efforts actuels en France et au niveau international pour diagnostiquer le mpox et isoler les différentes souches circulantes bénéficient de ces recherches.
• Des recherches sont en cours à l’Institut Pasteur pour améliorer à plus long terme les traitements et les vaccins contre les différentes souches de mpox. L’Institut Pasteur mène actuellement une vaste étude visant à analyser la fonction du Tecovirimat, principal antiviral du marché, afin de déterminer son efficacité sur les différentes souches circulantes et d’identifier des médicaments supplémentaires susceptibles d’être actifs contre les souches pour lesquelles le Tecovirimat n’est pas efficace. En collaboration avec l’Inserm, l’Institut Pasteur cherche également à caractériser de nouveaux anticorps monoclonaux ainsi que des « nanobodies », de petits anticorps à activité neutralisante contre le mpox, pour une utilisation dans des thérapies antivirales. Enfin, l’Institut Pasteur explore des pistes pour améliorer les vaccins existants (dits de troisième génération) ou en cours de développement (vaccins à ARN messager) en utilisant ses propres antigènes.
Pour la présidente de l'Institut Pasteur, Yasmine Belkaid, «Ce nouvel épisode nous rappelle que le risque épidémique fait malheureusement partie de nos vies et que sa lutte nécessite une réponse globale, soutenue et de long terme. La perturbation croissante des écosystèmes et le développement continu des échanges et des déplacements internationaux rendent ce risque chaque jour plus pressant. Nous devons y contribuer en soutenant la recherche scientifique sur les maladies infectieuses dans les domaines de la virologie, de l’immunologie et de la vaccinologie, mais aussi de l’épidémiologie, de l’écologie et de l’anthropologie, et en agissant sur le terrain pour lutter contre les épidémies, notamment au Sud, en permettant aux populations locales et aux autorités locales et régionales d’agir en toute souveraineté et de prévenir et gérer elles-mêmes ce risque.«