La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), causée par l’épidémie rapide de coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2), a exercé une pression immense sur les systèmes de santé du monde entier. Il est important d’identifier les personnes les plus à risque afin de concevoir des décisions et des stratégies de traitement rapides. Ceci est particulièrement important lorsqu’il s’agit de nouveaux virus respiratoires. L’identification des déterminants partagés et divergents de la gravité clinique des virus respiratoires est également cruciale lorsqu’il s’agit de pathogènes respiratoires nouveaux ou réémergents.
Dans une nouvelle étude publiée sur le medRxiv* serveur de prétirage, les chercheurs ont réalisé une étude de cohorte rétrospective pour identifier les facteurs prédictifs de mortalité suite à une hospitalisation pour grippe, virus respiratoire syncytial ou SRAS-CoV-2. Les données administratives sur la santé de la population de l’Ontario, au Canada, ont été utilisées pour cette analyse.
Sommaire
Contexte
Des recherches antérieures ont comparé les déterminants (partagés et divergents) des résultats des maladies graves chez les patients atteints de la grippe et du virus respiratoire syncytial (VRS). Cependant, peu d’articles ont abordé la question de la comparaison des prédicteurs de gravité entre la grippe, le VRS et le SRAS-CoV-2.
Étant donné que les pays reviennent progressivement à des schémas de contact et d’exposition antérieurs à la pandémie, le risque d’infections respiratoires pourrait augmenter. Il est également possible que seule une fraction des patients hospitalisés atteints d’une maladie respiratoire virale reçoive des diagnostics confirmés en laboratoire. Par conséquent, l’identification de prédicteurs partagés de la maladie pourrait aider à réduire la morbidité et la mortalité et à préparer les établissements de soins de santé, qui devraient nécessiter des ressources plus importantes en fonction de la prévalence des prédicteurs identifiés.
Une nouvelle étude
Dans la présente étude, les scientifiques ont mené une étude observationnelle en utilisant de nombreuses données administratives sur la santé de l’Ontario, au Canada. Ils visaient à identifier la direction et l’ampleur des prédicteurs partagés et divergents de la mortalité toutes causes confondues à 30 jours.
Les chercheurs se sont concentrés sur les patients hospitalisés pour la grippe, le VRS ou le SRAS-CoV-2. L’échantillon comprenait 45 749 patients grippaux hospitalisés entre septembre 2011 et mai 2019, 24 345 patients RSV hospitalisés entre septembre 2011 et avril 2019 et 8 988 patients SARS-CoV-2 hospitalisés entre mars 2020 et décembre 2020 (pré-vaccin).
Les associations entre les prédicteurs potentiels et la mortalité ont été évaluées à l’aide de la technique de régression de Poisson modifiée multivariable. La direction, l’ampleur et les intervalles de confiance des risques relatifs ont été comparés pour identifier les prédicteurs partagés et divergents de la mortalité.
Principales conclusions
Les prédicteurs communs de la mortalité toutes causes confondues à 30 jours après l’hospitalisation comprenaient la vieillesse, le sexe masculin, la résidence dans un foyer de soins de longue durée (FSLD) et l’insuffisance rénale chronique. Dans toutes les cohortes respiratoires, la vieillesse et le sexe masculin étaient prédictifs d’une mortalité accrue, en particulier chez les patients atteints du SRAS-CoV-2. Cela souligne la nécessité de donner la priorité à l’âge et au sexe dans la pratique clinique et de les prendre en compte pour guider les préventions et les thérapeutiques ciblées contre le COVID-19.
Outre l’âge et le sexe, la résidence en ESLD était également un prédicteur courant de la mortalité toutes causes confondues à 30 jours. Dans ce cas, les associations étaient plus faibles parmi les patients atteints du SRAS-CoV-2. Ces différences pourraient être dues à un biais de sélection. Pour illustrer davantage, considérez que pendant la première vague de la pandémie en Ontario, 24,3 % des résidents de FSLD positifs au COVID-19 ont été hospitalisés avant leur décès, comparativement à 79,3 % des résidents de la communauté infectés par le SRAS-CoV-2. Des ressources limitées auraient pu entraîner une hospitalisation moins fréquente des patients COVID-19.
On a constaté que l’insuffisance rénale chronique augmentait le risque de mortalité toutes causes confondues à 30 jours. Les magnitudes étaient similaires pour les patients atteints de la grippe, du VRS et du SRAS-CoV-2. D’autres comorbidités se sont avérées prédire la mortalité chez les patients atteints de grippe ou de VRS, mais pas de SRAS-CoV-2, probablement en raison d’une taille d’échantillon plus petite en cas de SRAS-CoV-2, d’une plus grande hospitalisation de patients atteints de SRAS-CoV-2 moins graves avec des comorbidités , et/ou des différences cliniques entre les patients nécessitant une hospitalisation pour le SRAS-CoV-2 par rapport à la grippe saisonnière ou au VRS.
Les chercheurs n’ont pas observé d’associations entre la mortalité et les déterminants sociaux locaux de la santé pour les trois virus. Ils ont déclaré que ce résultat pourrait être motivé par une mauvaise classification des déterminants sociaux de la santé au niveau du quartier, une erreur écologique, etc.
Limites
La présente étude comporte certaines limites, notamment la possibilité d’une mauvaise classification des cas de grippe et de VRS. Les patients n’ont pas été identifiés à l’aide des résultats de leurs tests de diagnostic, ce qui pourrait entraîner une telle erreur de classification. Les chercheurs ont cependant mentionné que les erreurs de classification devraient être rares car les définitions de cas ont été validées par rapport à une population de patients hospitalisés. Une deuxième limite était le manque de données sur les autres prédicteurs de la gravité de la maladie, tels que la grossesse et l’obésité. Ces limites doivent être prises en compte lors de l’utilisation des résultats pour hiérarchiser les services ou développer des outils de prédiction clinique.
Conclusion
Dans la présente étude, les auteurs ont identifié des prédicteurs communs de la mortalité toutes causes confondues à 30 jours après une hospitalisation avec le SRAS-CoV-2, la grippe ou le VRS. Ce travail est important car des prédicteurs communs pourraient aider à identifier les patients les plus à risque de développer une maladie grave et à prioriser les préventions et les traitements pendant les épidémies virales.
*Avis important
medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/les comportements liés à la santé, ou traités comme des informations établies.