Sommaire
Le problème de santé
Expérience complexe, la douleur induite par une maladie et des traitements à l’hôpital fait intervenir des composantes sensorielles, cognitives, comportementales et psychologiques. Répétée à cause de traitements médicaux nécessaires (injection intraveineuse, changement de pansement…), elle génère une anxiété et une souffrance pouvant nuire aux soins. Elle dégrade quoi qu’il en soit la qualité de vie des enfants, et par miroir celle des parents, jusqu’à pour certains questionner l’utilité des traitements et du système médical. Pour limiter la douleur, des opioïdes sont couramment utilisés comme analgésiques médicamenteux. Or ils provoquent une forte dépendance et de multiples effets secondaires.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’efficacité de systèmes de réalité virtuelle sur l’intensité de la douleur aiguë chez les enfants pris en charge dans un établissement de soins. En se basant sur dix-sept essais randomisés incluant mille huit enfants de quatre à dix-huit ans, elle conclut à leur efficacité en restant prudente en raison du faible nombre d’études de bonne qualité méthodologique.
Descriptif de la méthode
Le scénario du jeu de réalité virtuelle est calé sur la durée du protocole médical. L’enfant entre d’abord dans une phase de familiarisation avec son environnement, puis dans une autre de relaxation incluant des exercices de respiration. Enfin, le petit patient participe à des jeux qui activeront son esprit pendant le soin. Plusieurs systèmes proposent ce type d’expérience multi-sensorielle, distractive et personnalisée à travers un casque de réalité virtuelle et un logiciel de jeu.
Les mécanismes d’action
En pédiatrie, la peur est souvent ce qui fait mal. Focaliser son attention sur le jeu plutôt que sur l’acte d’un soignant permet d’y échapper. Une immersion est provoquée dans un environnement virtuel via des moyens de translation (changement de position), de rotation (changement d’orientation), de point de vue (perspective) et de champ de vision. Plus grande est l’immersion, plus grande sera la réduction de la douleur et de l’anxiété ressentie, en raison d’un phénomène de distraction et de saturation de l’attention. La douleur ne voit certes pas ses signaux interrompus, mais la réalité virtuelle agit sur sa perception via l’attention, l’émotion, la concentration et la mémoire.
Bénéfices
L’effet de la réalité virtuelle a été principalement étudié chez les patients recevant des soins pour des brûlures. Une méta-analyse montre une diminution significative de la douleur et de l’anxiété que ces derniers rapportent.
Quels sont les risques ?
L’exposition à la lumière bleue, plus intense dans le casque de réalité virtuelle qu’avec un écran classique, présente un risque potentiel sur la rétine des enfants. En attendant de mieux le connaître, on doit limiter la durée d’utilisation des casques. D’autant qu’un usage prolongé est susceptible de provoquer des maux de tête ou des douleurs oculaires liées à une sécheresse due à une attention limitant les clignements des yeux. Le décalage possible entre les images reçues et les mouvements de tête peut par ailleurs entraîner des nausées, voire des vomissements.
Conseils pratiques
N’attendez pas que la réalité virtuelle remplace l’anesthésie locale. Elle reste un complément qui atténue l’expérience de la douleur lors d’une injection d’un produit dans le corps, d’un changement de pansement dans les services de grands brûlés, de traitements invasifs de cancers ou de soins de post-chirurgie orthopédique. Pour prévenir les effets secondaires, faite des pauses régulières. Évitez les mouvements brusques de la tête afin de limiter le risque de nausées. Clignez des yeux régulièrement pour contrecarrer la sécheresse oculaire. En cas de gêne persistante, utilisez des larmes artificielles.
À qui s’adresser ?
Un médecin hospitalier, un dentiste, un anesthésiste, un infirmier ou un psychologue.