Dans une étude récente publiée dans la revue JAMA Psychiatrieles chercheurs ont étudié le risque de déclin cognitif subjectif (SCD) chez les adultes cognitivement normaux pour développer un trouble cognitif léger (MCI), la maladie d'Alzheimer (MA) et une démence toutes causes confondues.
Leurs résultats indiquent que la SCD est significativement associée à un risque accru de troubles cognitifs et de démence futurs, suggérant que la SCD pourrait servir de facteur de risque indépendant pour ces conditions au-delà des prédispositions génétiques.
Étude : déclin cognitif subjectif plus, évaluation longitudinale et risque de troubles cognitifs. Crédit photo : Lightspring / Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
La détection précoce de la maladie d’Alzheimer, avant que les symptômes ne se développent pleinement, est essentielle pour un traitement et une prévention efficaces. L’un des moyens de détecter les premiers signes est le déclin cognitif subjectif (SCD), qui se produit lorsque les personnes remarquent leurs problèmes de mémoire ou de réflexion même si les tests standards montrent qu’ils sont normaux.
Des recherches ont montré que le SCD peut être un indicateur précoce de futurs problèmes de mémoire ou de MA, mais la plupart de ces recherches ont été réalisées auprès de personnes qui demandent une aide médicale et qui peuvent présenter des risques plus élevés de développer la MA.
Les études communautaires, qui examinent les personnes qui ne consultent pas de médecin, offrent une image plus précise de la manière dont la drépanocytose affecte la population générale. Cependant, ces études présentent souvent des limites, comme des échantillons de petite taille, des évaluations ponctuelles et des tests moins approfondis.
À propos de l'étude
Pour combler les lacunes de la recherche, l’étude actuelle a utilisé des données à long terme de la Framingham Heart Study, qui suit un large groupe de personnes au fil du temps.
Les participants âgés de 60 ans et plus ayant une cognition normale ont été inclus et suivis de 2005 à 2019. L'étude a évalué le SCD au moyen de questions sur les problèmes de mémoire lors de différentes visites.
Les chercheurs ont utilisé des critères standards pour diagnostiquer le MCI, la MA et la démence toutes causes confondues. Ils ont recueilli des informations génétiques, notamment la présence de gènes associés au risque de MA, à partir d'échantillons sanguins et ont calculé un score de risque polygénique (PRS) pour mesurer le risque génétique global de MA.
Des modèles statistiques ont comparé le risque de développer un MCI, une MA et une démence entre les personnes atteintes et non atteintes de SCD après ajustement de facteurs tels que l'âge, le sexe, l'éducation, le risque génétique, la dépression et d'autres problèmes de santé. Des analyses supplémentaires ont examiné les caractéristiques spécifiques de la SCD (appelées SCD-plus) pour mieux comprendre son rôle dans la prédiction du déclin cognitif.
En incluant ces facteurs génétiques et les caractéristiques spécifiques de la SCD (appelées SCD-plus), l’étude visait à comprendre le risque de développer de graves problèmes de mémoire dans la population générale.
Résultats
L'étude a porté sur 3 585 personnes dont l'âge moyen était de 68 ans. Environ 55,1 % de l'échantillon étaient des femmes et 91,6 % étaient des personnes blanches non hispaniques. Parmi les participants, 50,3 % étaient diplômés de l'enseignement supérieur et 21,5 % étaient porteurs d'un gène lié à la maladie d'Alzheimer. Les participants ont été suivis pendant environ 2,1 visites valides chacun.
Au cours de la période d'étude, 6,6 % des participants ont développé un MCI, 2,0 % une MA et 2,5 % une démence quelle qu'en soit la cause. En moyenne, la SCD est apparue 4,4 ans avant le MCI, 6,8 ans avant la MA et 6,9 ans avant toute démence. L'âge moyen d'apparition de la SCD était de 69,8 ans.
Les personnes atteintes de SCD lors de toutes les visites étaient plus susceptibles d'être des femmes et ont signalé des taux plus élevés de dépression. Les taux de troubles cognitifs étaient plus élevés dans ce groupe par rapport au groupe sans SCD : MCI (8,6 % contre 5,8 %), MA (3,4 % contre 1,5 %) et démence toutes causes confondues (3,9 % contre 2,0 %).
L'analyse de survie a montré que la SCD était significativement associée au temps nécessaire pour développer un MCI, une MA et une démence toutes causes confondues. Ajustés en fonction de l'âge, du sexe et du niveau d'éducation, les rapports de risque (HR) pour la SCD étaient de 1,60 pour le MCI, de 4,33 pour la MA et de 2,17 pour la démence toutes causes confondues.
Après avoir pris en compte la prédisposition génétique à la démence, les HR sont restés significatifs : 1,57 pour le MCI, 2,98 pour la MA et 2,14 pour la démence toutes causes confondues. La dépression et d'autres facteurs cardiovasculaires ont légèrement réduit les HR, mais la SCD est restée un prédicteur significatif.
Les résultats ont indiqué un lien fort et cohérent entre la SCD et le risque de troubles cognitifs futurs, soulignant l’importance de la surveillance de la SCD chez les personnes âgées.
Conclusions
Cette vaste étude longitudinale a révélé que la SCD est un prédicteur significatif de MCI, de MA et de démence toutes causes confondues, ce qui concorde avec les recherches précédentes. La SCD précède généralement le MCI de 4,4 ans, la MA de 6,8 ans et la démence toutes causes confondues de 6,9 ans.
Les points forts de l'étude sont son échantillon communautaire de grande taille et sa conception longitudinale, qui renforcent la fiabilité des résultats. Cependant, elle présente des limites, notamment les faibles taux de déficience cognitive, la sous-estimation potentielle des cas de drépanocytose en raison d'évaluations peu fréquentes et l'absence de biomarqueurs de la maladie d'Alzheimer.
Les recherches futures devraient aborder ces limites et explorer l’utilité prédictive du SCD dans des populations plus diverses afin d’améliorer les stratégies de dépistage et d’intervention précoces.