Une étude publiée dans la revue Rapports scientifiques constate que le tabagisme peut déclencher la mort suicidaire des érythrocytes, une condition qui peut augmenter le risque d’anémie et de déficience de la microcirculation.
Étude : Le tabagisme est associé à une augmentation de l’éryptose et à la mort suicidaire des érythrocytes, dans une vaste cohorte basée sur la population. Crédit d’image : sruilk/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
Le tabagisme est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité prématurées dans le monde. La fumée de tabac contient de nombreuses substances nocives, notamment le monoxyde de carbone, le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, les benzopyrènes et la nicotine, qui peuvent pénétrer dans la circulation sanguine par inhalation et provoquer des complications cardiovasculaires. De plus, le monoxyde de carbone peut se lier à l’hémoglobine pour former de la carboxyhémoglobine, ce qui réduit la capacité de transport d’oxygène de l’hémoglobine et induit par la suite des effets hypoxiques.
Des études antérieures portant sur l’impact du tabagisme sur le système des globules rouges donnent des résultats mitigés. Alors que certaines études montrent des indices de globules rouges plus élevés chez les fumeurs que chez les non-fumeurs, certaines indiquent que le tabagisme peut induire une éryptose. L’éryptose est un processus de mort des érythrocytes (globules rouges), caractérisé par l’extériorisation de la phosphatidylsérine et le rétrécissement des cellules.
Dans cette vaste étude de cohorte basée sur une population, les scientifiques ont étudié l’impact du tabagisme sur l’éryptose et les paramètres hématologiques vitaux, notamment le nombre de globules rouges, l’hématocrite, l’hémoglobine, le volume moyen de cellules corpusculaires (VGM), l’hémoglobine corpusculaire moyenne (MCH) et la moyenne. concentration d’hémoglobine corpusculaire (MCHC).
Étudier le design
L’étude actuelle a inclus 2 023 participants de l’étude de cohorte nationale allemande (NAKO), qui comprend plus de 205 000 participants adultes répartis dans 18 centres d’études situés dans différents États allemands.
Les échantillons de sang prélevés auprès des participants ont été analysés pour déterminer l’éryptose et les paramètres hématologiques. L’éryptose a été déterminée par cytométrie en flux et les indices de globules rouges ont été déterminés à l’aide d’un analyseur hématologique.
Observations importantes
Parmi les 2 023 participants inclus dans l’étude, 1 000 étaient des non-fumeurs, 418 étaient des fumeurs actuels et 605 étaient d’anciens fumeurs.
L’analyse comparative entre les habitudes tabagiques et l’éryptose a révélé que les fumeurs ont un taux d’éryptose modérément plus élevé que les non-fumeurs et les ex-fumeurs. Plus précisément, les fumeurs présentaient des pourcentages de cellules éryptotiques 14 % et 19 % plus élevés que les non-fumeurs et les ex-fumeurs, respectivement. Cependant, aucune différence significative en matière d’éryptose n’a été observée entre les non-fumeurs et les ex-fumeurs.
En outre, l’étude a révélé une association positive entre le nombre de cigarettes fumées par jour et le taux d’éryptose. Cette association est restée la même pour les fumeurs masculins et féminins. Cependant, aucune association entre la charge de tabagisme annuelle et le taux d’éryptose n’a été observée dans l’ensemble de la population étudiée.
Une analyse de sous-groupe incluant des ex-fumeurs a révélé une association négative entre la durée de l’arrêt du tabac et le taux d’éryptose. L’âge d’arrêt du tabac et le temps écoulé depuis l’arrêt du tabac ont été identifiés comme des prédicteurs significatifs de l’éryptose chez les ex-fumeurs.
Concernant les paramètres hématologiques, aucune association entre l’éryptose et le nombre d’érythrocytes, l’hémoglobine, l’hématocrite et le MCV n’a été observée. Cependant, il existait une association modérément positive entre l’éryptose et la MCH et la MCHC.
Aucune différence significative dans le nombre d’érythrocytes et l’hématocrite n’a été observée entre les fumeurs, les non-fumeurs et les ex-fumeurs. Cependant, les fumeurs présentaient des taux d’hémoglobine, de MCV, de MCH et de MCHC plus élevés que les autres.
Le nombre quotidien de cigarettes fumées, la durée du tabagisme et la charge annuelle de tabagisme ont montré une association modérément positive avec l’hématocrite, l’hémoglobine, le MCV et le MCH et une association négative avec le MCHC chez les fumeurs actuels.
Importance de l’étude
L’étude révèle que les fumeurs actuels ont un taux de décès érythrocytaires par suicide légèrement plus élevé que les non-fumeurs et les ex-fumeurs. Cependant, malgré une mortalité érythrocytaire plus élevée, les fumeurs ont des indices érythrocytaires comparativement plus élevés. Cela indique qu’une éryptose plus élevée chez les fumeurs n’a aucun impact négatif apparent sur l’ensemble du système de globules rouges.
Selon la littérature disponible, le stress oxydatif et l’inflammation induits par le tabagisme pourraient jouer un rôle dans le déclenchement de l’éryptose. Il a également été démontré que le monoxyde de carbone inhalé en fumant stimule directement l’éryptose. De plus, il a été constaté que la voie de signalisation p38MAPK/Fas augmente le taux d’éryptose chez les fumeurs.
Malgré une mortalité érythrocytaire plus élevée, l’étude a révélé une diminution du nombre d’érythrocytes chez les fumeurs. Cela pourrait être dû à une érythropoïèse accrue (le processus de production de nouveaux érythrocytes) chez les fumeurs pour compenser la perte d’érythrocytes induite par l’éryptose.
Comme l’ont mentionné les scientifiques, l’inclusion d’un grand nombre de participants constitue la principale force de l’étude. Cependant, le statut de fumeur autodéclaré peut être soumis à un biais de déclaration. Les scientifiques souhaitent étudier si une augmentation de l’éryptose est associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires chez les fumeurs.