Dans une étude récente publiée dans Frontières de la médecine, un groupe de chercheurs a étudié si la combinaison de l’inflammation chronique et de la pauvreté augmentait de manière synergique le risque de mortalité toutes causes confondues, de maladies cardiaques et de cancer sur 15 ans chez les adultes américains âgés de 40 ans et plus.
Arrière-plan
L’inflammation systémique est liée au développement de maladies chroniques telles que les affections cardiovasculaires, métaboliques, rénales et oncologiques, ayant un impact significatif sur la morbidité et la mortalité. L’inflammation de bas grade est particulièrement pertinente pour les maladies cardiovasculaires (MCV), le cancer et les facteurs de risque associés.
La protéine C-réactive à haute sensibilité (hs-CRP) est reconnue comme un puissant prédicteur indépendant des événements cardiovasculaires. Des études ont établi un lien entre des taux élevés de CRP et des risques accrus de mortalité dans diverses maladies cardiovasculaires, notamment les maladies coronariennes et les maladies cérébrovasculaires. De plus, des facteurs de risque tels que l’alimentation, le mode de vie, l’âge et les polluants environnementaux contribuent à l’inflammation chronique.
Aux États-Unis (US), 37,9 millions de personnes (11,6 %) vivaient dans la pauvreté en 2021, ce qui a des effets néfastes sur la santé, réduisant l’espérance de vie et augmentant les risques de mortalité. La pauvreté est également associée à des niveaux d’inflammation accrus. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les interactions complexes entre la pauvreté et l’inflammation systémique ainsi que leur impact combiné sur la mortalité, en particulier due aux maladies cardiaques et au cancer.
À propos de l’étude
La présente étude a mené une analyse de l’enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) de 1999 à 2002, qui a été liée aux données de l’indice national de mortalité (NDI) jusqu’au 31 décembre 2019. Cette enquête, représentative de la population américaine, comprend enquêtes, examens physiques et analyses de laboratoire. L’accent a été mis sur les adultes âgés de 40 ans et plus, en utilisant la période de collecte de données NHANES de quatre ans pour suivre une cohorte pendant 15 ans jusqu’à la fin des données NDI disponibles. Cette approche a permis une estimation de la population représentative de la population américaine non institutionnalisée.
L’étude a analysé les adultes âgés de 40 ans et plus à partir de l’ensemble de données NHANES 1999-2002, en se concentrant sur l’inflammation, la pauvreté et la démographie. Le Centre national des statistiques de la santé (NCHS) a fourni des données NHANES anonymisées liées au NDI pour une analyse rétrospective. L’inflammation a été évaluée à l’aide des taux de CRP, avec deux seuils : > 0,3 mg/dL indiquant une inflammation systémique chronique et un risque cardiovasculaire, et > 1,0 mg/dL suggérant une inflammation systémique. Le statut de pauvreté était déterminé par le ratio de l’indice de pauvreté, en tenant compte du revenu familial, de la taille et du nombre d’enfants de moins de 18 ans.
Les résultats de mortalité, y compris la mortalité toutes causes confondues, les maladies cardiaques et le cancer sur 15 ans, ont été dérivés des données du NDI. La cohorte a été segmentée en quatre groupes en fonction de leur inflammation et de leur statut de pauvreté. L’analyse utilisant R 4.3.3 a pris en compte l’échantillonnage complexe de la NHANES, estimant la prévalence pour la population civile américaine non institutionnalisée. L’étude a effectué une analyse des risques proportionnels de Cox pour évaluer le risque de mortalité sur 15 ans, en tenant compte de l’âge, du sexe et de la race/origine ethnique.
Résultats de l’étude
Les caractéristiques de l’échantillon de l’étude ont révélé que 11,4 % de la population vit dans la pauvreté. Cet aspect démographique ouvre la voie à une compréhension plus approfondie des résultats en matière de santé. L’approche analytique de l’étude est analysée par les courbes de Kaplan-Meier, utilisées pour illustrer la relation entre l’inflammation, la pauvreté et la mortalité sur une période de 15 ans. Ces courbes sont particulièrement révélatrices bien qu’elles ne soient pas ajustées pour des facteurs tels que l’âge et la race/origine ethnique. Ils décrivent efficacement le risque général de mortalité associé à différents niveaux d’inflammation et de situation économique.
L’étude a utilisé deux seuils de CRP, 0,3 mg/dL et 1,0 mg/dL, pour définir une inflammation élevée. Les courbes de Kaplan – Meier ont révélé qu’au seuil le plus élevé, les individus présentant une faible inflammation et au-dessus de la pauvreté présentaient une mortalité plus faible que ceux présentant une inflammation élevée ou vivant dans la pauvreté. Le plus grand risque de mortalité sur 15 ans a été observé chez les personnes souffrant à la fois d’une inflammation élevée et de la pauvreté. L’analyse ajustée des risques proportionnels de Cox a confirmé ces tendances, montrant un risque similaire au niveau inférieur du CRP, quel que soit le statut de pauvreté. Cependant, un effet synergique sur le risque de mortalité était évident à un niveau de CRP plus élevé chez les personnes présentant à la fois une inflammation élevée et une pauvreté.
La portée de l’étude s’étend à des causes spécifiques de décès, avec des analyses distinctes pour la mortalité par maladie cardiaque et par cancer. Lorsque l’inflammation est réglée au seuil supérieur de CRP de 1,0 mg/dL, une augmentation spectaculaire du risque de mortalité est évidente pour les personnes souffrant à la fois d’une inflammation élevée et de la pauvreté. Ces personnes sont confrontées à un risque 127 % plus élevé de mourir d’une maladie cardiaque et à un risque stupéfiant de 196 % plus élevé de mortalité par cancer sur 15 ans. Ces résultats mettent en évidence une intersection critique de facteurs sanitaires et socio-économiques. Les risques élevés associés à la combinaison d’une forte inflammation et de la pauvreté soulignent la nécessité d’interventions de santé publique ciblées.