Une nouvelle étude révèle que les adultes issus de minorités sexuelles et de genre sont beaucoup plus susceptibles d’éviter les soins de santé en raison d’inadéquations d’identité avec les cliniciens, la discrimination jouant un rôle clé.
Dans une étude récente publiée dans Annales de la médecine familialeLes chercheurs ont étudié les facteurs contribuant à l’évitement des soins de santé chez les adultes issus de minorités sexuelles et de genre (MSG), en se concentrant sur la discordance d’identité patient-clinicien (PCID).
Leurs résultats indiquent que les adultes SGM sont plus susceptibles d’éviter les services de santé en raison d’inadéquations d’identité avec les cliniciens par rapport aux adultes non SGM, et cet évitement est fortement lié aux expériences de discrimination en matière de santé, soulignant la nécessité d’un système de santé plus inclusif.
Sommaire
Arrière-plan
Les adultes issus de groupes de minorités sexuelles et de genre ont tendance à avoir des résultats de santé plus mauvais que les individus non issus de groupes de minorités sexuelles et de genre, en partie parce qu’ils évitent les services de santé essentiels. Cela est souvent lié à la discrimination et aux facteurs de stress liés à leur appartenance à des groupes minoritaires et marginalisés.
Des recherches antérieures ont montré que les patients dont l'identité ne correspond pas à celle de leur médecin sont moins susceptibles de recevoir les soins nécessaires et rapportent des expériences moins bonnes. Bien que ce phénomène ait été étudié dans le contexte de l'identité raciale, on sait peu de choses sur la manière dont la discordance identitaire affecte les patients SGM.
À propos de l'étude
Dans cette étude, les chercheurs ont cherché à évaluer la fréquence à laquelle les adultes SGM évitent les soins en raison d’inadéquations d’identité avec les cliniciens et si la discrimination en matière de soins de santé joue un rôle dans cet évitement.
Les chercheurs ont utilisé les données du programme de recherche All of Us des National Institutes of Health, qui se concentre sur le recrutement de participants issus de communautés sous-représentées.
L'étude a porté sur des adultes aux États-Unis âgés de 18 ans et plus, inscrits entre mai 2018 et juillet 2022. Elle a reçu l'approbation éthique et tous les participants ont donné leur consentement.
Les participants ont identifié eux-mêmes leur sexe assigné à la naissance, leur identité de genre et leur orientation sexuelle pour les classer comme adultes appartenant à une minorité de genre, cisgenre, minorité sexuelle ou hétérosexuels.
L’évitement des soins en raison du PCID a été mesuré en demandant aux participants s’ils retardaient ou sautaient des soins parce que leur médecin appartenait à un milieu différent. La discrimination dans les soins de santé a été évaluée à l’aide d’une échelle validée.
Les chercheurs ont utilisé des modèles statistiques pour comparer l’évitement des soins lié au PCID selon l’identité de genre et l’orientation sexuelle, en ajustant les facteurs tels que l’âge, la race, le revenu, l’éducation et l’assurance maladie.
Ils ont également analysé l’impact des expériences de discrimination dans le domaine des soins de santé sur l’évitement des soins, en utilisant une méthode spécialisée pour détecter les tendances. Des termes d’interaction ont été inclus pour voir si ces associations différaient entre les minorités sexuelles et de genre et les non-minorités.
Résultats
L’étude a porté sur plus de 97 000 participants, dont 1,3 % s’identifiaient comme appartenant à des minorités de genre et 10 % comme appartenant à des minorités sexuelles. Les adultes appartenant à des groupes de minorités sexuelles et de genre étaient, en moyenne, plus jeunes et moins susceptibles d’être mariés, assurés ou d’avoir des revenus plus élevés que les adultes non issus de ces groupes.
Après avoir contrôlé divers facteurs, l’étude a révélé que les adultes appartenant à des minorités sexuelles étaient 58 % plus susceptibles d’éviter les soins en raison du PCID par rapport aux adultes hétérosexuels, tandis que les adultes appartenant à des minorités de genre étaient deux fois plus susceptibles que les adultes cisgenres d’éviter les soins.
Les participants SGM ont également montré des scores de discrimination dans les soins de santé plus élevés que les participants non SGM. Des scores plus élevés de discrimination dans les soins de santé étaient en outre corrélés positivement à des probabilités plus élevées d'éviter les soins en fonction du PCID. L'évitement était plus fréquent chez les personnes ayant eu des expériences de discrimination plus élevées, indiquant une relation dose-dépendante.
Par exemple, les adultes issus de minorités sexuelles ayant des scores de discrimination élevés étaient plus susceptibles d’éviter les soins (26,1 %) que ceux ayant des scores faibles (6,1 %), avec des tendances similaires pour les adultes appartenant à des minorités de genre. Cela met en évidence l’impact de la discrimination sur l’évitement des soins parmi les populations SGM.
Conclusions
Cette étude est pertinente car elle met en évidence le problème important de l’évitement des soins chez les adultes appartenant à des groupes SGM en raison d’une inadéquation identitaire avec les cliniciens. Les résultats montrent que les patients SGM, en particulier ceux qui ont été victimes de discrimination dans les soins de santé, sont plus susceptibles d’éviter les soins nécessaires, ce qui suggère l’importance d’environnements de soins de santé plus inclusifs et plus affirmatifs.
L’étude se distingue par son échantillon vaste et diversifié, ce qui en fait l’une des rares études à examiner quantitativement la concordance identitaire entre les cliniciens et les patients appartenant à des groupes SGM. De plus, l’étude révèle une relation dose-dépendante entre la discrimination dans les soins de santé et l’évitement des soins, soulignant l’importance de lutter contre la discrimination.
L’étude présente toutefois des limites. Le questionnaire ne contenait pas de questions explicites sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle en lien avec l’évitement des soins. De plus, l’échantillon n’est pas entièrement représentatif de la population des États-Unis. La taille limitée des échantillons a empêché les analyses intersectionnelles sur la race, l’ethnicité et les identités SGM, qui devraient être explorées dans de futures recherches.
D’autres études devraient examiner si l’association de patients atteints de SGM à des cliniciens dont l’identité concorde améliore l’expérience des patients et les résultats de santé. L’élargissement de la formation liée au SGM à tous les cliniciens et la mise en œuvre de politiques visant à prévenir la discrimination sont des étapes cruciales.