Étude : Libérer le potentiel de performance maximal des jeunes joueurs de football masculins : étude de l'impact de la maturation, de l'âge et des exigences physiques sur le risque de blessure neuromusculaire et la récupération après un match de compétition. Crédit photo : matimix / Shutterstock
Sommaire
Les périodes de repos de deux jours ne suffisent pas pour les jeunes athlètes, car les lésions musculaires persistent jusqu'à une semaine, ce qui risque d'entraîner une baisse des performances et des taux de blessures plus élevés.
Dans une étude récente publiée dans la revue Jeunesse, Des chercheurs espagnols et britanniques ont mené une évaluation physiologique complète des relations entre les marqueurs de fatigue post-match et les périodes de récupération optimales. Leur cohorte d'étude comprenait 26 joueurs masculins d'élite d'académie (U-14 = 14, U-16 = 12) évalués selon huit paramètres de fatigue post-match, dont le bien-être perçu. Les évaluations ont été réalisées avant le match (de base) et à 0, 48, 72, 96 et 120 heures après le match.
Les résultats de l’étude révèlent que la mécanique d’atterrissage est la seule mesure de fatigue qui n’a pas été affectée après un match de championnat européen compétitif. Les performances des joueurs dans toutes les autres mesures ont considérablement diminué, allant de 3,8 % à 71,3 % des valeurs de base. Notamment, alors que la plupart des mesures sont revenues aux valeurs de base après 48 heures de repos, les marqueurs de lésions musculaires, à savoir la créatine kinase (CK) et l’urée (UR), sont restés élevés jusqu’à 168 heures, soulignant que des périodes de repos prolongées sont nécessaires à la récupération musculaire. Ces résultats soulignent la nécessité de stratégies de récupération personnalisées pour les jeunes athlètes afin d’optimiser les performances et de réduire les risques de blessures.
Arrière-plan
Les jeunes footballeurs représentent l’avenir du sport, ce qui fait de la responsabilité de leurs entraîneurs et des responsables de la ligue de garantir leur croissance et leur développement soutenus sans goulots d’étranglement associés au surmenage ou, pire, aux blessures chroniques. Des recherches antérieures ont tenté d’étudier la perception de la fatigue et la dégradation des performances chez les jeunes joueurs masculins, en particulier dans les aspects de la production de force, des sauts en contre-mouvement (CMJ), des temps de sprint et des altérations des biomarqueurs physiologiques (par exemple, la créatine kinase (CK) et l’urée (UR)). Malgré les résultats peu concluants des études antérieures en raison de tailles d’échantillon insuffisantes et d’une gamme limitée de paramètres, ils s’accordent sur un point : une récupération adéquate est cruciale pour une performance soutenue.
Malgré les résultats peu concluants de ces études (souvent en raison de la taille réduite des échantillons et de la portée restreinte des mesures), la plupart des chercheurs s'accordent à dire qu'une période de repos de 48 heures est une exigence minimale pour une performance soutenue au cours d'une saison de compétition typique d'une académie de football masculin (8 à 9 mois). Ces résultats ont incité les décideurs politiques à diviser les saisons de compétition en 2 ou 3 blocs, chacun comprenant 10 à 15 microcycles d'entraînement (2 à 4 séances) et un match, ce qui permet jusqu'à sept jours de repos après le match, mais cela ne tient pas compte des séances d'entraînement entre les matchs. Des recherches similaires sur les jeunes joueuses suggèrent que deux jours de repos peuvent ne pas être suffisants, soulignant la nécessité de directives de récupération spécifiques au sexe.
À propos de l'étude
L'étude prospective, observationnelle et longitudinale mixte actuelle visait à évaluer les effets des performances physiques et du bien-être perçu après un match de football, ainsi que le temps nécessaire à leur retour à la ligne de base, et à évaluer l'impact de l'âge chronologique et du statut de maturité des joueurs sur ces résultats.
Les données de l'étude ont été obtenues auprès de jeunes joueurs de champ masculins (échantillon initial de 72) répartis dans deux catégories d'âge de compétition (moins de 14 ans (U-14) et moins de 16 ans (U-16). L'estimation a priori de la taille de l'échantillon à l'aide des critères de Cohen a révélé une taille d'échantillon minimale de 12, compte tenu des objectifs de l'étude. Les participants souffrant de blessures musculo-squelettiques chroniques ou de maladies neuromusculaires, ceux n'ayant pas suffisamment de temps de jeu (< 50 % de la durée du match) et ceux qui manquaient des matchs ou des séances d'entraînement ont été exclus de l'analyse.
La collecte de données comprenait des questionnaires de santé, des tests physiques et des évaluations des performances pendant le match à l'aide d'appareils GPS de haute précision avec des capacités intégrées de gyroscope, de magnétomètre et d'accéléromètre. Les biomarqueurs de fatigue musculaire (UR et CK), les mesures de performance (hauteur CMJ, indice de force réactive (RSI), temps de sprint sur 20 m, raideur des jambes (LS) et mécanique d'atterrissage) et le bien-être perçu par les joueurs ont été évalués à l'aide d'une approche de type circuit randomisé pour minimiser les biais de test.
Résultats de l'étude
Parmi les 72 participants initialement inscrits à l'étude, 26 (U-14 = 14, U-16 = 12) répondaient aux critères d'inclusion et ont été inclus dans l'analyse. Les statistiques descriptives ont indiqué que les joueurs U-14 avaient un âge moyen de 13,9 ans, une taille de 1,63 m et un poids de 51,0 kg, tandis que les joueurs U-16 avaient une moyenne d'âge de 15,1 ans, une taille de 1,73 m et un poids de 63,7 kg.
Les résultats de performance physique ont révélé que, à l'exception de la mécanique d'atterrissage, toutes les autres mesures de performance physiologique des joueurs ont diminué de manière significative après le match (taille CMJ = -5,3 %, RSI = -9,6 %, temps de sprint de 20 m = +3,8 %, LS = -11,5 %). Les biomarqueurs de lésions musculaires ont montré des déclins encore plus sévères (CK = +71,3 %, UR = +12,8 %). Le bien-être perçu rapporté par les joueurs a diminué de -7,7 %, ce qui reflète en partie les pertes de performance mesurées. Notamment, la maturité et la classe d'âge n'ont pas modifié de manière significative aucun de ces résultats.
Il est encourageant de constater que, à l’exception des biomarqueurs de lésions musculaires (UR et CK), tous les autres paramètres mesurés sont revenus aux valeurs de base après 48 heures de repos complet. Cependant, CK et UR ont nécessité des périodes plus longues, ce qui souligne la nécessité d’une gestion prudente des périodes de récupération post-match chez les jeunes joueurs pour prévenir la fatigue chronique et les blessures potentielles. Les évaluations intra-joueurs sur plusieurs saisons ont révélé que les joueurs avec des valeurs de base plus basses (ceux qui n’avaient pas suffisamment récupéré de leur match précédent) avaient de moins bonnes performances et étaient significativement plus sujets aux blessures.
Conclusions
La présente étude souligne la nécessité de périodes de repos suffisantes (au moins deux jours) entre les matchs et de séances d’entraînement rigoureuses au football dans les catégories d’âge U-14 et U-16. Les résultats plaident en faveur de programmes de récupération structurés et adaptés aux profils de chaque joueur, en particulier pour ceux dont le niveau d’entraînement est inférieur ou qui souffrent de fatigue préexistante, afin d’améliorer la récupération et les performances. Outre la mécanique d’atterrissage, les huit mesures de performance et de fatigue évaluées ont présenté des baisses significatives après les matchs, avec 48 à 168 heures nécessaires pour une récupération complète.
Il convient de noter que l’impact cumulatif de la fatigue met en évidence le risque de taux de blessures plus élevés et d’un affaiblissement physique potentiel à long terme si elle n’est pas correctement gérée. Les entraîneurs et les dirigeants des ligues sont vivement encouragés à intégrer ces résultats dans la planification des entraînements et des compétitions.