Dans une étude récente publiée dans Santé publique BMCles chercheurs ont exploré les associations potentielles entre l'apport nutritionnel et les multimorbidités.
Sommaire
Arrière-plan
La multimorbidité, ou la présence de nombreuses maladies chroniques, constitue un problème de santé mondial, en particulier chez les personnes âgées. Cela augmente le risque de mortalité précoce, d’hospitalisation, de perte de fonction physique, de dépression, de polypharmacie et de baisse de la qualité de vie, ce qui impose une charge financière considérable aux systèmes de santé.
Les variables nutritionnelles jouent un rôle essentiel dans la prévention de la multimorbidité. Des habitudes alimentaires malsaines comme la frénésie alimentaire et la consommation excessive d’alcool peuvent augmenter le risque. Aux Pays-Bas, les personnes atteintes de multimorbidité cardiométabolique consomment davantage de viande et de collations. La consommation de fruits, de légumes et de grains entiers peut contribuer à réduire le risque. Les régimes méditerranéens et l’augmentation de l’apport en calcium et en potassium sont associés à une diminution de la multimorbidité cardiométabolique. La lutéine et la zéaxanthine sont des nutriments potentiellement utiles. Cependant, des études plus approfondies sont nécessaires pour découvrir des thérapies diététiques susceptibles de réduire le fardeau de la multimorbidité.
À propos de l'étude
Dans la présente étude de cohorte prospective, les chercheurs ont étudié l’influence de l’apport alimentaire sur le risque de multimorbidité.
Les chercheurs ont analysé les données de l'étude de cohorte des femmes du Royaume-Uni (UKWCS) auprès de 25 389 femmes âgées de 35 à 69 ans. L'ensemble de données UKWCS comprenait la consommation alimentaire, les paramètres anthropométriques, le statut socio-économique, les habitudes de vie et les résultats en matière de santé. Les participants ont autodéclaré des maladies chroniques de base telles que l'hypertension, l'angine de poitrine, la maladie coronarienne, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, l'hyperlipidémie, les calculs biliaires, les polypes du gros intestin et le cancer.
L'équipe a exclu les non-résidents d'Angleterre souffrant de plusieurs maladies chroniques au départ et de données covariables manquantes. Ils ont utilisé des questionnaires de fréquence alimentaire (FFQ) du Royaume-Uni pour l'étude européenne prospective sur le cancer et la nutrition (EPIC) afin d'estimer les apports quotidiens en énergie et en nutriments. Ils ont évalué la multimorbidité à l’aide des scores de l’indice de comorbidité de Charlson (CCI) liés électroniquement à la base de données Hospital Episode Statistics (HES) jusqu’en mars 2019, en utilisant la Classification internationale des maladies, dixième édition, codes de modification australienne (ICD-10-AM).
Les chercheurs ont évalué l'apport alimentaire à l'aide des directives de McCance & Widdowson Food Composition (cinquième édition) et des directives de la Food Standards Agency, en ajustant l'apport calorique total en fonction de la densité nutritionnelle. Ils ont effectué une modélisation des risques proportionnels de Cox pour estimer les rapports de risque (HR) pour les relations entre l'apport nutritionnel régulier et le risque de multimorbidité. Ils ont utilisé des régressions logistiques multinomiales pour évaluer l’association dans l’analyse de sensibilité et ont effectué une évaluation stratifiée, en considérant 60 ans comme seuil d’âge. Les covariables de l'étude comprenaient l'âge, l'indice de masse corporelle (IMC), le niveau d'éducation, l'état civil, l'origine ethnique, le statut socio-économique (SES) et l'activité physique.
Résultats
L'âge moyen des participants était de 51 ans, parmi lesquels 31 % (n = 7 799) ont développé des multimorbidités au cours d'un suivi de 22 ans (médiane). Les personnes atteintes de multimorbidité avaient un IMC plus élevé, des niveaux d'éducation inférieurs et un statut socioéconomique plus élevé et présentaient une probabilité accrue d'être célibataires ou veuves par rapport à leurs homologues.
Comparé au quintile inférieur, le quintile supérieur d’apports réguliers en calories et en protéines était associé à des risques de multimorbidité respectivement 8,0 % et 12 % plus élevés (rapport de risque, 1,1). Par rapport au quintile le plus inférieur, les quintiles statistiques supérieurs de consommation régulière de vitamine C présentaient un risque de multimorbidité réduit de 10 %, tandis que la consommation régulière de vitamine D présentait un risque de multimorbidité accru de 10 %. Par rapport au quintile inférieur de consommation de vitamine B12, le risque de multimorbidité était significativement plus élevé dans le quintile supérieur (HR, 1,1). Par rapport au quintile inférieur, les quintiles supérieurs d’apport en fer présentaient des risques de multimorbidité légèrement réduits.
Dans l’analyse de sensibilité, les risques de multimorbidité significativement plus élevés, liés linéairement aux quintiles statistiques plus élevés d’apports en vitamines B12 et D, n’étaient pas significatifs à l’aide de régressions logistiques multinomiales. L’équipe a trouvé des preuves d’effets modificateurs de l’âge sur les apports en vitamine B1 et en fer associés au risque de multimorbidité. Pour l’apport en fer, l’équipe a constaté un risque de multimorbidité inférieur de 11 à 13 % chez les personnes de moins de 60 ans par rapport à celles de plus de 60 ans.
Conclusions
Les résultats de l'étude ont mis en évidence une relation entre la consommation de nutriments et le risque de multimorbidité pour développer des méthodes préventives, diagnostiques, thérapeutiques et pronostiques. Les résultats ont indiqué qu’un apport plus élevé en vitamine B12, en vitamine D, en protéines et en énergie peut augmenter le risque de multimorbidité, mais qu’un apport plus élevé en vitamine C peut le réduire. La consommation de fer était liée négativement au risque de multimorbidité chez les femmes âgées de <60 ans, alors qu'il n'y avait pas d'association de ce type chez les femmes âgées de >60 ans.
L'étude révèle que des nutriments spécifiques, notamment la vitamine B12, la vitamine D, les protéines et l'énergie, peuvent influencer le risque de multimorbidité. Les chercheurs doivent étudier plus en détail les niveaux de consommation nutritionnelle optimaux pour les personnes atteintes de multimorbidité, et les décideurs politiques et les cliniciens doivent aborder la nutrition individualisée. Des études cliniques supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les traitements diététiques contribuent à améliorer la multimorbidité. D’autres études sont nécessaires pour tirer des conclusions définitives.
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