Selon une note scientifique du Organisation mondiale de la santé (OMS)il n’y a pas suffisamment d’informations pour mettre en œuvre le test de la maladie à coronavirus syndromique 2019 (COVID-19) pour la prévention de la transmission du syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus 2 (SARS-CoV-2) à travers les frontières terrestres.
Sommaire
Arrière plan
Depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19, plus de 651 millions de cas et 6,6 millions de décès ont été signalés dans le monde. Les taux cumulés d’infection et de mortalité associés à la pandémie de COVID-19 sont probablement sous-estimés en raison d’un manque de tests adéquats et de données sur les infections dans le monde entier.
Des chercheurs, des responsables de la santé et des sociétés de diagnostic ont uni leurs forces dans le monde entier pour mieux comprendre le virus SARS-CoV-2, protéger les communautés contre les épidémies et développer des tests de diagnostic robustes pour résoudre ces problèmes. Des tests de diagnostic du SRAS-CoV-2 sont en cours d’élaboration, mais les tests syndromiques sont particulièrement importants dans la lutte contre la pandémie.
Le terme « test syndromique » fait référence à l’utilisation d’un test pour cibler plusieurs agents pathogènes présentant des signes et des symptômes qui se chevauchent. Cela peut comprendre des tests de température et des affections pulmonaires ou autres, l’observation et l’établissement de documents de déclaration de santé. Avant l’épidémie de COVID-19, des tests syndromiques étaient appliqués pour d’autres maladies transmissibles telles que la maladie à virus Ebola, les infections respiratoires telles que la pandémie H1N1 et la peste.
Des questions ont été soulevées sur le potentiel préventif des tests syndromiques sur la transmissibilité du COVID-19 chez les voyageurs. De plus, les intrusions illégales sur les terres et l’ouverture des frontières entravent toute intervention utilisée pour freiner la propagation du COVID-19 et d’autres maladies infectieuses, en particulier dans le cadre d’une crise mondiale.
Dans ce dossier scientifique, les auteurs ont évalué l’efficacité des tests syndromiques pour contenir la propagation du COVID-19 aux passages frontaliers et aux traversées de rivières transfrontalières. Cette étude visait à examiner l’effet du dépistage syndromique au départ et à l’entrée du COVID-19 des voyageurs traversant les frontières terrestres en utilisant la question PICO (Population, Intervention, Comparaison, Résultat).
L’étude
Une revue systématique a été menée pour résoudre la question PICO. Sur la base de la méthodologie GRADE (Grading of Recommendations, Assessment, Development, and Evaluation), les preuves ont été classées comme étant de qualité élevée, modérée, faible ou extrêmement faible.
Une équipe d’examen systématique externe a évalué la validité de la recherche à l’aide de l’échelle de Newcastle-Ottawa (NOS). Les données ont été analysées et les conclusions ont été établies par le groupe d’élaboration des lignes directrices internationales sur les voyages et la santé de l’OMS (ITH GDG). La recherche a trouvé sept études empiriques publiées entre 2020 et janvier 2022 qui ont enquêté sur l’utilité du dépistage du COVID-19 aux passages frontaliers.
Une étude transversale rétrospective en Ouganda a examiné l’efficacité des dossiers de dépistage syndromique recueillis auprès de 7 181 chauffeurs routiers qui se sont rendus en Ouganda via Mutukula, en République-Unie de Tanzanie – du 15 mai au 30 juillet 2020.
Les résultats
Dans une étude rétrospective transversale menée en Ouganda, le dépistage thermique n’a pas réussi à détecter les infections au COVID-19 aux postes frontaliers. Le nombre de cas détectés par les tests variait considérablement d’une enquête à l’autre, allant de 2,2 % à 43,6 %. Des données insuffisantes ont été trouvées pour soutenir ou réfuter l’affirmation selon laquelle le dépistage syndromique est associé à des risques pour la santé. Par conséquent, l’OMS a conclu qu’il n’y avait pas de données suffisantes pour soutenir le dépistage syndromique de la COVID-19 aux postes frontaliers.
De plus, voyager à travers des passages frontaliers non organisés et informels peut contourner les points de contrôle, ce qui complique l’évaluation de l’efficacité de l’intervention. Il convient de noter que, compte tenu des variantes du SRAS-CoV-2 actuellement en circulation, les tests syndromiques peuvent être inefficaces dans certains pays. De plus, le contrôle pourrait donner aux voyageurs et aux voisins un faux sentiment de sécurité.
Il a également été noté que la communication entre les pays et les États et une coordination approfondie entre les nations participantes sont essentielles pour interpréter et utiliser correctement les stratégies de dépistage. Pour les personnes handicapées, le dépistage syndromique peut nuire à l’accès aux fournisseurs de soins de santé et aux soignants.
De plus, il existe un besoin urgent d’enquêtes comparant l’efficacité et le succès du dépistage syndromique par rapport au dépistage, à la quarantaine et à d’autres interventions de santé publique et sociales, ainsi que du dépistage syndromique en conjonction avec d’autres mesures de santé.
Limites
Dans ce dossier, il y a plusieurs limites, y compris un petit nombre d’études (seulement sept enquêtes), les premières enquêtes sur la pandémie, la stratification des données et un manque de connaissances scientifiques. En raison de ces limitations, une surveillance active future et des approches d’étude, qui séparent les effets des techniques de dépistage syndromique, sont nécessaires.