Dans une étude récente publiée dans Médecine PLoSles chercheurs ont évalué la séroprévalence du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) dans le monde entre janvier 2020 et avril 2022.
Depuis le début de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) en 2020, la recherche fait toujours défaut pour comprendre le SRAS-CoV-2. Les statistiques de surveillance de routine sous-estiment l’étendue et le nombre d’infections et ne peuvent donc pas être utilisées pour déduire l’immunité communautaire, d’autant plus qu’il existe une prépondérance d’infections asymptomatiques et un accès disparate aux tests de diagnostic.
Étant donné que les anticorps anti-SARS-CoV-2 sont des marqueurs importants de la protection immunitaire, les études liées à la séroprévalence indiquent une immunité humorale déclenchée au niveau de la population. Ceci, à son tour, est essentiel pour éclairer la modélisation de scénarios, la planification de la santé publique et les politiques nationales visant à freiner la pandémie.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont déterminé le niveau d’infection et de séropositivité de la population en méta-analysant les données de séroprévalence du SRAS-CoV-2 pour la population générale.
L’équipe a effectué une évaluation systématique des études de séroprévalence publiées entre le 1er janvier 2020 et le 20 mai 2022, qui a été rapportée selon les normes PRISMA (Preferred Reporting Items Systematic Review and Meta-Analyses). La recherche secondaire et la méthode de capture d’articles impliquaient des contributions à la base de données de l’étude via la plateforme SeroTracker en libre accès et des suggestions d’experts internationaux, ainsi que du matériel rassemblé dans le cadre du projet de recherche Unity de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La sélection des études, l’extraction des données et l’évaluation critique ont été effectuées en double par une équipe de 13 auteurs de recherche. Les critères d’inclusion et d’exclusion correspondaient au protocole d’investigation séroépidémiologique standard (SEROPREV) afin de minimiser les biais potentiels induits par la variabilité entre les études et d’autres indicateurs de la qualité de l’étude, y compris les mauvaises performances des tests et/ou les techniques d’échantillonnage. Des études de cohorte transversales et longitudinales ont été envisagées pour estimer la séroprévalence du SRAS-CoV-2 dans la population générale.
Les critères d’inclusion comprenaient des échantillons à domicile et communautaires, ainsi que des études dans lesquelles un cadre d’échantillonnage solide a été spécifié qui se rapprochait d’une population plus large. En outre, la cohorte de l’étude comprenait des personnes vivant dans des bidonvilles et des groupes de patients dans des circonstances humanitaires. À l’aide de formules établies pour les tests en parallèle et en série, des algorithmes de tests multi-essais ont été mis en œuvre si la spécificité et la sensibilité globales correspondaient aux critères de performance. Deux membres de l’équipe de l’étude ont évalué au cas par cas des stratégies complexes de tests multiples impliquant trois tests ou plus.
Selon le protocole, les estimations de la séroprévalence ont été dérivées de chaque essai et stratifiées selon l’âge, le sexe, le statut vaccinal et le moment de la collecte des échantillons. Les données concernant la population étudiée, le test de laboratoire utilisé et tout ajustement apporté à l’estimation de la séroprévalence ont été extraits.
Résultats
L’équipe a identifié 173 430 titres et résumés entre le 1er janvier 2020 et le 20 mai 2022. Parmi ceux-ci, 5 281 articles en texte intégral faisaient partie du processus de sélection du texte intégral. Environ 513 sources de données de séroprévalence comprenant des recherches effectuées selon la méthodologie SEROPREV ont été identifiées, 480 ont été publiées et les collaborateurs en ont compilé 33. Les 513 sources de séroprévalence comprenaient 965 études de séroprévalence distinctes. L’étude comprenait 52 % des États membres de l’OMS (EM) et quatre nations, régions et territoires de l’OMS représentés dans les études de séroprévalence.
Dans une série de méta-analyses, l’équipe a calculé la séroprévalence pondérée et a constaté qu’en septembre 2021, la séroprévalence mondiale induite par la vaccination ou l’infection était de 59,2 %, soit une augmentation de 7,7 % par rapport à l’estimation de juin 2020. En septembre 2021, la séroprévalence mondiale attribuable à l’infection était de 35,9 %.
En février 2021, la séroprévalence globale dans la région de la Méditerranée orientale (EMR) était de 42,7 %, alors qu’elle était de 33,6 % en juin 2020. En avril 2021, la séroprévalence globale dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) de la région des Amériques (AMR) était de 20 %, soit 2,3 fois celle de juin 2020. En juin 2021, la séroprévalence globale dans la région Europe (EUR ) LMIC était de 48,7 %, contre 22,4 % en juillet 2020. En septembre 2021, la région de l’Asie du Sud-Est (SEAR) avait une séroprévalence globale de 82,2 %, soit 8,9 fois plus qu’en juin 2020. La séroprévalence totale en décembre 2021 pour la région Afrique (AFR) était de 86,7 %, contre 3,5 % en juin 2020, qui dans la région du Pacifique occidental (WPR) était de 30,3 %, contre 0,2 % en juin 2020. En mars 2022, la la séroprévalence totale dans les pays à revenu élevé (HIC) de l’EUR était de 95,9 %, contre 4,3 % en juin 2020, qui était de 99,8 % dans l’AMR (HIC), contre 3,6 % en juin 2020. En mars 2022, 47,9 % de l’EUR La population HIC et 33,7 % de la population AMR HIC avaient des anticorps induits par l’infection.
Conclusion
Les résultats de l’étude ont montré que la séroprévalence globale avait augmenté de manière significative au fil du temps et avec l’hétérogénéité géographique. Pourtant, plus d’un tiers de la population mondiale était séronégative au SRAS-CoV-2. les infections estimées par l’étude basée sur la séroprévalence dépassent largement les cas documentés de COVID-19. Des enquêtes de séroprévalence de haute qualité et standard sont essentielles pour éclairer la réponse à la COVID-19, en particulier dans les pays aux ressources limitées.