Le virus respiratoire syncytial (VRS) provoque des infections aiguës des voies respiratoires inférieures (IVRI) chez les nourrissons et les enfants. La poussée saisonnière de ce virus a été atténuée en raison de la pandémie actuelle de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) causée par le virus du syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus-2 (SARS-CoV-2).
Sommaire
Arrière plan
Au cours de la première année de la pandémie, l’incidence saisonnière du VRS n’a pas été notée; cependant, à l’été 2021, une poussée hors saison du VRS a été observée dans de nombreux pays, dont les États-Unis. Le Nationwide Children’s Hospital (NCH) de l’Ohio, aux États-Unis, a documenté plus de 10 % de cas de VRS positifs pendant deux semaines consécutives à compter du 26 juin 2021.
Cette saison du VRS s’est poursuivie jusqu’au 18 décembre 2021, infectant un total de 2 324 individus. Le RSV est généralement détecté par deux méthodes, à savoir le test rapide d’antigène ou la réaction en chaîne par polymérase (PCR). Une forte baisse des cas de VRS s’est produite à la mi-décembre 2021, avec seulement 3 à 5 % de patients positifs au VRS en avril 2022.
Fait intéressant, le pic de RSV a coïncidé avec la circulation de la variante SARS-CoV-2 Delta, qui était dominante au cours de la période. Au total, 6 744 enfants ont été détectés avec COVID-19 au NCH. Il est impératif de comprendre s’il existe un lien entre l’apparition du VRS et du SRAS-CoV-2. Une récente Pneumologie pédiatrique l’étude a déterminé si une co-infection par le VRS et le SRAS-CoV-2 s’était produite et si un phénotype clinique différent y était associé.
À propos de l’étude
Pour évaluer la survenue de co-infections par le VRS et le SRAS-CoV-2, un panel respiratoire à matrice de films pour co-détecter ces virus chez les enfants a été utilisé. Film Array Respiratory Panel peut détecter simultanément vingt-deux agents pathogènes, dont le SARS-CoV-2 et le RSV, à l’aide d’échantillons nasopharyngés (NP).
Un tableau rétrospectif a été préparé pour analyser les caractéristiques cliniques des enfants hospitalisés avec co-détection RSV/SARS-CoV-2. De plus, pour évaluer la présentation clinique du SARS-CoV-2, du RSV ou des deux, des rt-PCR ont été réalisées car le Film Array Respiratory Panel n’a pas pu déterminer la charge virale. Les valeurs de seuil de cycle (Ct) pour les deux virus ont été prédites séparément.
Entre mai 2021 et avril 2022, 1 974 enfants atteints du VRS ont été détectés, parmi lesquels 60 enfants (3 %) ont été testés positifs au SARS-CoV-2. Au cours de cette période, une co-infection par le VRS avec d’autres virus respiratoires a également été détectée chez les enfants, dont les taux variaient considérablement. Par exemple, la co-infection par le VRS avec l’adénovirus était de 9 % et avec le rhinovirus/entérovirus (RV/EV) était de 27 %.
Résultats
L’âge médian des enfants co-détectés avec le SARS-CoV-2 et le RSV était de 1,8 ans. Dix-huit enfants ont dû être hospitalisés et leur âge médian était de six mois. La plupart des enfants hospitalisés en raison de la co-détection RSV/SARS-CoV-2 n’avaient aucun antécédent de maladie chronique sous-jacente.
Parmi les 18 enfants hospitalisés, neuf n’ont eu besoin que d’une supplémentation en oxygène, tandis que les autres ont reçu un traitement en unité de soins intensifs (USI). Pour comprendre l’impact de la charge virale sur ces enfants, les résultats cliniques ont été analysés sur la base des valeurs RSV et SARS-CoV-2 Ct. Compte tenu des pratiques cliniques et des études précédentes, la présente étude a utilisé une valeur Ct de 30 comme valeur seuil, c’est-à-dire que les valeurs Ct ≥ 30 étaient considérées comme de faibles charges virales et les valeurs Ct < 30 étaient considérées comme des charges virales modérées à élevées.
Trois groupes d’enfants ont été constitués et analysés séparément. Le premier groupe comprenait cinq enfants atteints d’une infection aiguë qui présentaient une charge virale élevée pour les deux virus. Le groupe 2 contenait huit enfants atteints de RSC aiguë et de COVID-19 convalescent. Ils ont montré des charges virales élevées pour le VRS et de faibles charges virales pour le SRAS-CoV-2. Enfin, le groupe 3 contenait cinq enfants atteints d’infections convalescentes. Tous les enfants appartenant au groupe 3 ont montré une faible charge virale pour les deux virus.
L’âge médian du groupe 1 et du groupe 2 était de quatre mois, et celui du groupe 3 était de huit mois. 62,5 % des enfants du groupe 2 et 60 % du groupe 3 ont nécessité un traitement en soins intensifs. En revanche, 20 % des enfants du groupe 1 ont dû être admis aux soins intensifs. La durée d’hospitalisation des enfants du groupe 2 était significativement plus élevée que dans les autres groupes. De plus, deux enfants du groupe 2 ont nécessité une ventilation mécanique.
conclusion
Les principales limites de cette étude sont sa petite cohorte et son échantillonnage monocentrique. Malgré ces limites, cette étude a indiqué une faible occurrence de co-infections par le VRS/SRAS-CoV-2, par rapport aux précédents coronavirus endémiques. Avant la pandémie de COVID-19, les coronavirus endémiques étaient les virus co-détectés avec le RSV LRTI chez les nourrissons.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élucider la raison de la gravité accrue lorsque la co-infection était associée au SRAS-CoV-2 convalescent et à une infection aiguë par le VRS. De plus, des recherches supplémentaires sur différentes saisons sont nécessaires pour déterminer si une infection antérieure par le VRS confère une protection contre le COVID-19. Le mécanisme derrière l’interaction entre le RSV et le SARS-CoV-2 doit être étudié à l’avenir.