Dans un récent article de synthèse publié dans Nature Reviews Neurologieles scientifiques discutent du rôle de différents processus physiopathologiques contribuant aux troubles cognitifs vasculaires et à la démence (VCID).
Étude: Biomarqueurs moléculaires des troubles cognitifs vasculaires et de la démence. Crédit d’image : sfam_photo / Shutterstock.com
Sommaire
Lésions cérébrales associées au VCID
Après la maladie d’Alzheimer (MA), le VCID est la deuxième cause de démence et représente environ 20 % des cas connus. Comprendre les causes de chaque sous-type peut aider les chercheurs à développer des interventions spécifiques à la maladie.
La prévision diagnostique de la MA s’est améliorée grâce à l’identification de biomarqueurs moléculaires et aux améliorations de la neuroimagerie ; cependant, des recherches supplémentaires sur le VCID sont nécessaires. À l’heure actuelle, le diagnostic du VCID repose sur la neuroimagerie et les antécédents des patients.
L’une des caractéristiques du VCID est qu’il s’agit d’une maladie cérébrovasculaire qui provoque des lésions cérébrales, qui conduisent ensuite à des déficits cognitifs et à la démence. Ces lésions cérébrales comprennent la maladie des petits vaisseaux (SVD), la maladie des gros vaisseaux (LVD), la cardioembolie cérébrale et l’hémorragie intracrânienne.
La SVD est un terme générique désignant diverses maladies, notamment le dysfonctionnement endothélial, la dégradation de la barrière hémato-encéphalique (BBB), le stress oxydatif, l’inflammation, le dysfonctionnement des voies de coagulation et la dégénérescence neuronale et gliale. Les MVS se manifestent par des micro-hémorragies cérébrales et des lacunes dans les petits vaisseaux sanguins.
De même, LVD fait référence à plusieurs affections dans les vaisseaux sanguins moyens et gros où les plaques d’athérome se rompent et provoquent l’athérosclérose ou l’athérothrombose. Les LVD se distinguent du raidissement artériel, qui survient naturellement avec l’âge.
Dans le cas d’une cardioembolie cérébrale, la fibrillation auriculaire ou une autre maladie cardiaque obstrue les vaisseaux sanguins cérébraux et provoque la formation de thrombus. Le VCID peut également être causé par une hémorragie intracérébrale ou sous-arachnoïdienne résultant d’une rupture d’anévrisme cérébral.
Biomarqueurs pour différencier le VCID de la MA
La chaîne légère des neurofilaments (NfL) et la protéine acide fibrillaire gliale (GFAP) sont deux marqueurs de la dégénérescence fibrillaire neuronale et gliale. Les niveaux de NfL et de GFAP sont élevés dans le VCID, ainsi que dans toutes les autres maladies neurodégénératives, permettant ainsi leur utilisation aux côtés d’autres biomarqueurs pour diagnostiquer le VCID.
Les marqueurs de l’inflammation, tels que l’interleukine-6 dans le liquide céphalorachidien (CSF-IL-6) ou les taux plasmatiques d’IL-1β, peuvent être plus élevés chez les patients atteints de VCID que chez les sujets sains ; cependant, les preuves étayant cette association ne sont pas concluantes. Des recherches plus approfondies, se concentrant principalement sur les biomarqueurs à haute spécificité cérébrale, comme le facteur de croissance placentaire (PlGF) et la pro-adrénomédulline régionale moyenne (MR-proADM), pourraient faciliter des approches plus spécifiques et non invasives pour diagnostiquer le VCID.
Étant donné que la MA et le VCID partagent plusieurs voies physiopathologiques, il peut être difficile de faire la distinction entre ces deux maladies. Cependant, la combinaison des analyses de NfL, d’amyloïde bêta 42 (Aβ42) et de protéine tau permet de différencier avec précision le VCID de la MA. Sur la base de quatre études de cohorte, la lipocaline-2 semble également avoir le potentiel de différencier les sujets atteints de VCID et de MA.
Biomarqueurs de risque, surveillance et progression de la maladie
Des études antérieures suggèrent que les lésions de la substance blanche sont fortement corrélées au déclin cognitif. Cependant, les effets peuvent être déterminés par l’endroit où se situe la lésion. Par exemple, les patients qui présentent un dysfonctionnement du lobe frontal peuvent présenter un risque plus élevé d’hyperintensités de la substance blanche (WMH) et d’accidents vasculaires cérébraux lacunaires.
Puisque l’IL-6, l’IL-18 et le MR-proADM sont des indicateurs à la fois du dysfonctionnement du lobe frontal et du WMH, ces biomarqueurs pourraient être utilisés pour évaluer le risque de VCID et surveiller la progression de la maladie. L’homocystéine, qui est un marqueur métabolite, ne peut pas être utilisée pour diagnostiquer le VCID mais peut être utilisée pour évaluer la gravité de la maladie.
Biomarqueurs pharmacodynamiques pour les essais cliniques
L’étude met en valeur l’importance d’utiliser des biomarqueurs sanguins comme mesures de résultats primaires plutôt que la pratique actuelle consistant à utiliser des biomarqueurs sanguins comme substituts dans les essais cliniques. Cependant, cela nécessite une validation clinique plus approfondie de chaque biomarqueur pour garantir que leur mesure est standardisée et relativement peu coûteuse. L’apprentissage automatique pourrait également soutenir l’identification d’un plus grand nombre de biomarqueurs potentiels.
Les paramètres pronostiques et diagnostiques doivent être définis au moyen d’évaluations cognitives et cliniques robustes. L’élaboration d’un cadre pour définir les biomarqueurs du VCID constituerait une étape importante, suivie d’une validation auprès de diverses populations.