Dans une revue publiée dans Médecine BMC, les chercheurs ont examiné la littérature actuelle pour étudier les défis de la vaccination contre le paludisme pour atteindre les enfants à haut risque et ont discuté des implications politiques.
Ils ont identifié les risques liés au système de santé qui pourraient entraver l’efficacité du vaccin contre le paludisme et ont proposé des solutions pour garantir une protection équitable et universelle contre la maladie.
Étude: Vaccination contre le paludisme : obstacles pour atteindre les enfants à haut risque. Crédit d’image : Media Lens King/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Malgré des décennies d’efforts, le paludisme reste un défi sanitaire important en Afrique, ce qui a conduit à l’introduction des vaccins RTS, S/AS01 et R21/Matrix-M.
Ces vaccins offrent des avancées prometteuses mais nécessitent des investissements supplémentaires dans les stratégies de recherche, de développement et de distribution pour maximiser leur impact.
Dans le présent article, les chercheurs ont examiné les risques liés au système de santé qui pourraient entraver la vaccination universelle contre le paludisme, en se concentrant sur le financement limité de la santé par le gouvernement, les cadres d’allocation des vaccins et les questions fondamentales liées à la maximisation de l’impact. L’analyse s’appuie sur les recherches existantes tout en approfondissant les implications politiques.
Financement public limité de la santé
Le financement limité de la santé publique dans la plupart des pays africains entrave leur capacité à acheter des vaccins contre le paludisme en quantités suffisantes pour couvrir les enfants à risque. Le nombre de personnes à vacciner (NNV) peut être calculé sur la base de l’efficacité du vaccin (VE) et de l’incidence du paludisme chez les enfants non vaccinés.
Les taux de perte de vaccins (VW) doivent également être pris en compte, qui augmentent avec la distance géographique et de développement par rapport aux centres urbains.
L'investissement financier requis pour acheter des vaccins peut submerger les systèmes de santé de la plupart des pays, les obligeant à s'appuyer sur les partenaires de développement.
Conformément aux critères d'éligibilité déterminés par l'Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi), seuls 12 pays africains ont été approuvés pour l'attribution prioritaire de vaccins, couvrant une petite fraction de la population à risque.
L’introduction du vaccin R21, plus rentable, pourrait améliorer l’offre, mais des changements transformateurs dans le financement de la santé sont nécessaires pour garantir une accessibilité généralisée.
Les coûts de livraison constituent un autre obstacle, avec des coûts supplémentaires par dose nécessaire à l'administration. Parvenir à une couverture universelle nécessiterait des investissements financiers substantiels, ce qui met en évidence le défi que représente la poursuite des efforts de vaccination sans financement adéquat.
Une planification, un financement et une coordination efficaces, soutenus par des modèles de financement de la santé durables, sont essentiels pour maximiser l’impact des vaccins antipaludiques sur la santé publique.
Renforcer les cadres d’allocation des vaccins
L'Organisation mondiale de la santé a conçu un cadre pour sélectionner les zones à haut risque éligibles au soutien de Gavi en fonction de la charge de paludisme et des taux de mortalité infantile au niveau des districts.
Cependant, cette approche a ses limites, car elle repose sur des données obsolètes et néglige les problèmes émergents comme la résistance aux antimicrobiens (AMDR).
L’AMDR, en particulier concernant les médicaments antipaludiques, affecte les stratégies de lutte contre le paludisme et doit être pris en compte dans la priorisation des vaccins. Les méthodes actuelles négligent les tendances épidémiologiques dynamiques, ce qui empêche une évaluation précise des besoins.
La mise à jour de l’indice de priorisation avec des données récentes et complètes est cruciale pour remédier à ces lacunes. L’intégration d’indicateurs AMDR aux côtés des mesures traditionnelles peut améliorer la précision de l’attribution des vaccins.
De plus, la mise en place de systèmes de notation infranationaux dans les pays éligibles peut donner la priorité aux districts en fonction de considérations de vulnérabilité et d’équité.
Ces cadres garantissent que les vaccins parviennent aux enfants les plus à risque dans les pays, luttant ainsi contre la corruption et les inégalités qui entravent souvent la répartition des ressources.
La mise en œuvre de ces stratégies nécessite des systèmes de données robustes et l’engagement des parties prenantes pour surveiller et évaluer efficacement la distribution des vaccins.
En donnant la priorité aux zones à haut risque et en éliminant les obstacles systémiques, les vaccins contre le paludisme peuvent maximiser leur impact sur la protection de la santé des enfants et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Sans de telles mesures, les vaccins risquent de perpétuer les inégalités, en ne parvenant pas à atteindre les populations les plus vulnérables. Ainsi, une planification proactive et des interventions ciblées aux niveaux national et infranational sont essentielles.
S’attaquer aux problèmes fondamentaux
Les efforts de vaccination contre le paludisme en Afrique sont confrontés à des défis similaires à ceux qui ont entravé les programmes de vaccination de routine sur le continent. Malgré les efforts continus, les progrès en matière de vaccination systématique restent inférieurs aux normes internationales, et de nombreux pays sont en retard par rapport aux objectifs mondiaux.
L’Afrique subsaharienne (ASS) présente le fardeau le plus élevé d’enfants non vaccinés et sous-vaccinés au monde, mettant en évidence les faiblesses systémiques des programmes de vaccination.
L’approvisionnement limité en vaccins, aggravé par des problèmes tels que le gaspillage des vaccins, les déficiences des infrastructures, la corruption et la mauvaise gestion, exacerbe ces défis.
Les barrières géographiques, notamment le temps nécessaire pour se rendre aux établissements de santé, entravent l'accès aux services de vaccination de routine, en particulier dans les zones reculées.
De plus, le manque d’investissement dans des systèmes de données durables limite la prise de décision fondée sur des preuves et entrave les progrès dans la lutte contre les maladies. Sans une utilisation efficace des données, les causes profondes des inefficacités de la santé publique restent ignorées, ce qui entrave les efforts de lutte contre des maladies comme le paludisme.
Le respect des engagements de financement des soins de santé tels que la Déclaration d’Abuja et le renforcement institutionnel sont des étapes essentielles pour surmonter les défis systémiques.
La simple intégration des vaccins antipaludiques dans les cadres existants du Programme élargi de vaccination (PEV), sans changements fondamentaux dans les systèmes de santé, ne produira peut-être pas les résultats escomptés. Un changement transformateur intégré aux efforts de vaccination est nécessaire pour maximiser leur impact sur la santé des enfants africains.
Conclusion
Pour lutter efficacement contre le paludisme, les enseignements tirés des efforts de vaccination passés doivent éclairer le déploiement des vaccins antipaludiques. Un programme d’évaluation complet est crucial avant le déploiement pour identifier et résoudre les défis spécifiques.
En traitant de toute urgence ces risques et en mettant en œuvre des stratégies adaptées, le potentiel des vaccins contre le paludisme à contribuer au contrôle et à l’élimination de la maladie peut être réalisé.