Une étude récente publiée dans Dépendance évalué les associations entre les troubles liés à la consommation de cannabis (CUD) et les conséquences sur les maladies cardiovasculaires (MCV).
Sommaire
Arrière-plan
Le cannabis est consommé par plus de 200 millions de personnes dans le monde ; les effets indésirables associés au cannabis ont de profondes implications. La CUD touche 27 à 34 % des consommateurs de cannabis et est devenue une priorité de santé publique importante, compte tenu de l’absence de traitements et d’un accès limité aux interventions comportementales.
Bien que la recherche suggère des effets néfastes sur la santé dus à la consommation de cannabis, la relation entre le cannabis et les maladies cardiovasculaires est moins explorée. Les données actuelles suggèrent une augmentation du taux d’événements cardiovasculaires chez les jeunes consommateurs de cannabis. Le cannabis est également lié à des événements graves comme les accidents vasculaires cérébraux, l’infarctus du myocarde, les arythmies, l’athérosclérose et les cardiomyopathies.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont évalué les associations entre les résultats de la CUD et des maladies cardiovasculaires à l’aide de bases de données administratives sur la santé de l’Alberta, au Canada. Ils ont utilisé les données à l’échelle de la population de la base de données sur les congés des patients (DAD), du système national d’information sur les soins ambulatoires (SNISA), de la base de données sur les réclamations des praticiens de l’Alberta, du réseau d’information pharmaceutique et du registre provincial de la population de l’Alberta de 2012 à 2019.
Le SNISA, la base de données sur les réclamations des praticiens et la BDCP ont été utilisés pour identifier les personnes atteintes de CUD. Chaque sujet atteint de CUD était apparié en termes d’âge et de sexe à un individu témoin non exposé sans code de diagnostic CUD documenté. La date index des cas à laquelle ils ont reçu pour la première fois un diagnostic de CUD a également été attribuée au contrôle apparié.
Le principal résultat de l’étude était les événements cardiovasculaires incidents (infarctus du myocarde, cardiopathie ischémique, angine instable, maladie vasculaire périphérique, dysrythmies cardiaques, accident vasculaire cérébral ischémique ou insuffisance cardiaque). Les personnes ayant des antécédents d’événements cardiovasculaires ont été exclues. Chaque individu a été suivi jusqu’à un incident de maladie cardiovasculaire, un décès ou jusqu’au 31 décembre 2019.
Les covariables de l’étude étaient l’indice de comorbidité de Charlson (CCI), les indices de privation matérielle (MDI) et sociale (SDI), le nombre de sous-groupes anatomiques thérapeutiques chimiques (ATC), les comorbidités de santé mentale et l’utilisation des soins de santé. La population de l’Alberta en milieu d’année 2012 a été utilisée pour estimer la prévalence ponctuelle de la CUD. L’analyse de survie a été réalisée à l’aide de la méthode de Kaplan-Meier.
Le test du log-rank a calculé les associations entre CUD et CVD, en tenant compte de la censure par mortalité. Dans les analyses stratifiées, les ratios de taux bruts (RR) et les intervalles de confiance à 95 % ont été estimés. La technique de Mantel-Haenszel a été utilisée pour regrouper les estimations lorsque les estimations spécifiques à chaque strate étaient similaires, ce qui a donné des RR ajustés. Les relations dose-réponse ont également été évaluées.
Résultats
L’étude a porté sur 59 528 individus ou 29 764 couples. La prévalence globale de la CUD était d’environ 0,8 %. Le CCI médian était nul dans les cas et les contrôles. Les cas et les témoins avaient des scores MDI (4) et SDI (3) identiques. Les individus CUD étaient plus susceptibles d’appartenir aux quartiles les plus défavorisés et moins susceptibles d’appartenir aux quartiles les moins défavorisés.
Le nombre médian de prescriptions six mois avant la date d’indexation était de deux chez les cas et d’une chez les témoins. Les individus CUD ont eu en moyenne cinq visites de praticiens, de services d’urgence (SU) et de patients hospitalisés six mois avant la date d’indexation, tandis que les témoins n’ont eu qu’une seule visite. Environ 2,4 % des cas et 1,5 % des témoins ont présenté au moins un événement incident de maladie cardiovasculaire. L’association globale entre les résultats de la CUD et des maladies cardiovasculaires était significative.
La force de l’association augmentait de manière dose-dépendante avec l’augmentation de la gravité de la CUD (plus de codes de diagnostic CUD). Les RR étaient de 1,32, 2,47 et 2,67 pour les personnes possédant respectivement un, deux à quatre et cinq codes de diagnostic CUD ou plus. La CUD était significativement associée à un délai plus court avant l’apparition d’événements cardiovasculaires. Les personnes présentant des RR plus élevés étaient celles sans ordonnance, sans comorbidités, sans recours aux soins de santé au cours des six derniers mois et sans comorbidités de santé mentale.
Conclusions
En résumé, les adultes atteints de CUD présentaient un risque 60 % plus élevé d’événement indésirable cardiovasculaire que leurs témoins du même âge et du même sexe. Les résultats suggèrent un risque élevé d’événements cardiovasculaires chez les sujets sains sans antécédents médicaux ou médicamenteux s’ils souffrent de CUD. Notamment, l’étude n’a pas pu établir un lien causal entre le risque plus élevé et la CUD. De plus, les chercheurs n’ont pas pu expliquer la confusion liée au tabagisme en raison du manque de fiabilité des données disponibles.
De plus, l’analyse n’incluait pas de mesure directe de la quantité de cannabis consommée. Au lieu de cela, il s’est appuyé sur le nombre de codes de diagnostic CUD comme indicateur de la gravité du CUD.
Dans l’ensemble, l’étude met en évidence le risque plus élevé d’événements cardiovasculaires chez les individus CUD, même si aucun lien de causalité n’a été établi, et que la consommation de cannabis peut augmenter les risques de maladies cardiovasculaires chez des sujets par ailleurs en bonne santé. Il est donc crucial d’éduquer les patients sur les risques potentiels associés au cannabis et au CUD.