Une étude de modélisation pour explorer l’allocation optimale des vaccins contre le virus monkeypox (MPXV) fournit une feuille de route pour la santé publique afin de maximiser l’impact d’un approvisionnement limité en vaccins. L’article, publié dans JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.221232, confirme qu’il est préférable de donner la priorité aux vaccins sur des réseaux plus vastes avec plus d’infections initiales et un plus grand potentiel de propagation.
Nous espérons que ces connaissances pourront être appliquées par les décideurs dans des contextes épidémiques divers et dynamiques à travers le Canada et au-delà pour maximiser les infections évitées au début d’une épidémie avec un approvisionnement limité en vaccins.
Dre Sharmistha Mishra, MAP Centre for Urban Health Solutions, Unity Health Toronto
Au 4 novembre 2022, il y avait 1444 cas de MPXV au Canada, de manière disproportionnée chez les gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (GBMSM). Un approvisionnement très limité de vaccins contre la variole est disponible et la priorité est donnée aux populations exposées à des risques disproportionnés.
Les chercheurs ont modélisé deux villes hypothétiques sous forme de réseaux interconnectés avec une taille de communauté GBMSM combinée de 100 000. L’équipe a ensuite fait varier les caractéristiques des deux villes dans une gamme de paramètres plausibles et a simulé le déploiement de 5 000 doses de vaccin peu après le premier cas détecté de MPXV.
Ils ont constaté que les facteurs les plus importants pour une répartition optimale des vaccins entre les villes étaient le nombre relatif de reproduction (potentiel épidémique) dans chaque ville, la part des cas initiaux et la taille de la ville (ou du réseau). Si une grande ville avait un plus grand potentiel épidémique et la plupart des cas initiaux, il était préférable d’allouer la majorité des vaccins à cette ville. L’équipe a fait varier le nombre de reproduction avec un seul paramètre, mais ils soulignent combien de facteurs pourraient influencer le potentiel épidémique local, y compris la densité et les caractéristiques du réseau sexuel, l’accès à la prévention et aux soins, et les contextes sociaux et structurels sous-jacents qui façonnent à la fois la sexualité réseaux et accès.
« Selon nos hypothèses de modélisation, nous avons constaté que les vaccins pouvaient généralement éviter plus d’infections lorsqu’ils étaient priorisés sur un réseau plus large, un réseau avec plus d’infections initiales et un réseau avec un plus grand potentiel épidémique », écrit Jesse Knight, auteur principal et Ph.D. candidat à l’Université de Toronto et au MAP Centre for Urban Health Solutions, Unity Health Toronto. « Nos résultats soulignent davantage l’importance de l’équité mondiale en matière de vaccins pour répondre aux épidémies, et aussi pour les prévenir en premier lieu », a-t-il déclaré.
L’étude met l’accent sur l’interdépendance des régions et sur la nécessité d’une perspective au niveau de la population.
« La priorisation stratégique d’un approvisionnement limité en vaccins par des facteurs de risque au niveau du réseau peut maximiser les infections évitées à court terme dans le contexte d’une épidémie émergente, telle que l’épidémie mondiale actuelle de MPXV », concluent les auteurs.