Une nouvelle étude menée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), du CHU de Bordeaux, en France, et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que les personnes dépendantes à l'alcool qui suivent une rééducation ou maintiennent l'abstinence courent des risques significativement plus faibles de développer une consommation d'alcool. -cancers associés. L'article, intitulé Réadaptation alcoolique et risque de cancer : une étude de cohorte hospitalière à l'échelle nationale en France a été publié aujourd'hui dans Lancet Public Health. Il s'agit de la plus grande étude du genre à fournir des preuves établissant un lien entre la réduction ou l'arrêt de la consommation d'alcool et une diminution du risque de tous les cancers imputables à l'alcool, y compris les cancers du foie et de la gorge.
L'étude de cohorte rétrospective à l'échelle nationale a analysé les données de plus de 24 millions de Français, tous adultes résidant en France métropolitaine et sortis de l'hôpital entre 2018 et 2021. Les chercheurs ont découvert qu'environ 6,3 % des hommes et 1,6 % des femmes souffraient d'une dépendance à l'alcool, ce qui était fortement associée aux cancers liés à l'alcool, notamment au carcinome hépatocellulaire, ainsi qu'aux cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage et colorectal, chez les deux sexes. Cependant, ils ont également constaté que ce traitement de réadaptation ou des antécédents d’abstinence étaient associés à des risques significativement plus faibles que la dépendance à l’alcool sans rééducation ni abstinence. Cela souligne l’efficacité des stratégies thérapeutiques dans la lutte contre les risques de cancer liés à la dépendance à l’alcool.
L’équipe de recherche a été surprise par l’ampleur de l’effet de l’intervention thérapeutique dans cette étude. Nous savons que le traitement de la dépendance à l'alcool est efficace, mais le fait que la dépendance à l'alcool soit une maladie chronique récurrente nous fait souvent oublier que même en cas de rechute, les périodes d'abstinence diminuent nettement le risque de cancer et d'autres maladies chroniques.
M. Jürgen Rehm, scientifique principal à l'Institut de recherche sur les politiques de santé mentale de CAMH et auteur principal de l'étude
« D'un point de vue de santé publique, notre recherche met en évidence une négligence troublante de la dépendance à l'alcool par rapport à d'autres problèmes de santé, tant dans la recherche que dans les priorités politiques », a ajouté le Dr Michaël Schwarzinger, auteur principal de l'article, du service de prévention du CHU de Bordeaux. « Par conséquent, la dépendance à l'alcool continue d'être une épidémie silencieuse et terrible dans des pays comme la France, d'autant plus que le niveau annuel moyen de consommation d'alcool des adultes par habitant dans ce pays est plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale. »
« Nous savons que la stratégie la plus efficace pour réduire le fardeau global des méfaits causés par l'alcool, y compris le cancer, réside dans des politiques à l'échelle de la population ; des mesures telles que l'augmentation des taxes sur l'alcool, la réduction de la disponibilité de l'alcool et l'interdiction ou la restriction de la commercialisation », a déclaré le Dr . Carina Ferreira-Borges, conseillère régionale pour l'alcool, les drogues illicites et la santé en prison au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. « Cependant, cette étude souligne que la réponse des systèmes de santé est également cruciale pour réduire le risque de cancers imputables à l'alcool. En augmentant l'accessibilité aux interventions de réadaptation alcoolique et d'abstinence dans les établissements de soins de santé, les pays pourraient faire davantage pour protéger leurs populations contre les cancers évitables. Par conséquent, , nous appelons à davantage d'investissements dans les services de réadaptation et de traitement des troubles liés à la consommation d'alcool en France et dans d'autres pays de la Région européenne de l'OMS.
La Dre Leslie Buckley, chef du Service de toxicomanie du CAMH, a souligné l'importance de ces conclusions :
« Au Canada, les admissions à l'hôpital pour des affections attribuables à l'alcool sont plus nombreuses que pour un infarctus du myocarde, et de nombreuses personnes sont confrontées à des obstacles à un traitement fondé sur des données probantes en raison de la stigmatisation et des difficultés d'accès aux soins en personne. Des innovations telles que le traitement virtuel peuvent surmonter ces défis. en offrant des solutions flexibles et rentables. À CAMH, nous menons des recherches sur des programmes de jour entièrement virtuels qui se révèlent prometteurs, reproduisant l'intensité de réadaptation traditionnelle sans avoir besoin d'infrastructure physique, réduisant ainsi les temps d'attente et rendant le traitement plus accessible.
Compte tenu de l'augmentation imminente de la disponibilité de l'alcool en Ontario, il est essentiel de réfléchir à la manière dont nous pourrions rendre les traitements plus accessibles. La disponibilité accrue d'alcool est susceptible de conduire à une consommation plus élevée, et des programmes de traitement virtuels accessibles pourraient résoudre ce problème en fournissant des soins cruciaux à ceux qui en ont besoin.
Cette recherche a été financée par le programme EU4Health de l’Union européenne.