Une étude exploratoire a montré qu’un exercice léger et régulier peut améliorer la santé cognitive et physique des adultes trisomiques.
L’étude Mindsets, publiée aujourd’hui [29 November] dans le Revue internationale de recherche environnementale et de santé publiqueest le premier à étudier les effets de l’exercice physique et cognitif sur les personnes atteintes du syndrome de Down, et a révélé que de courtes périodes de marche peuvent conduire à une amélioration du traitement de l’information et de l’attention après seulement huit semaines.
Le rôle que l’exercice peut jouer dans la croissance cognitive représente une avancée majeure dans la réflexion sur ce qui est le mieux pour les adultes atteints du syndrome de Down, et il est prouvé que les personnes atteintes du syndrome de Down n’atteignent généralement pas les niveaux recommandés d’activité physique quotidienne.
La nouvelle recherche a impliqué 83 participants adultes recrutés à la suite d’une campagne internationale menée par la Société canadienne du syndrome de Down et a été dirigée par le Dr Dan Gordon et Viviane Merzbach de l’Université Anglia Ruskin (ARU) à Cambridge, au Royaume-Uni.
Environ un enfant sur mille naît avec le syndrome de Down. Elle est associée à une disposition atypique des chromosomes, qui entraîne un certain degré de déficience intellectuelle et des retards dans le développement des capacités motrices et de la parole.
Les participants à l’étude Mindsets – 40 femmes et 43 hommes, âgés de 18 à 48 ans, originaires de 10 pays – ont été répartis dans l’un des quatre groupes pendant une période de huit semaines.
Les participants d’un groupe d’exercices uniquement ont effectué des exercices cardiorespiratoires, qui impliquaient de marcher trois fois par semaine pendant 30 minutes par séance, tandis qu’un deuxième groupe a participé à une série d’exercices sur les fonctions cognitives et exécutives, proposés par BrainHQ. Un groupe combiné a fait des exercices physiques et cognitifs, tandis que le quatrième groupe n’a fait ni l’un ni l’autre.
Les participants ont reçu un Fitbit pour enregistrer les pas effectués, les distances parcourues, les vitesses et la fréquence cardiaque, et ils ont enregistré leur activité et communiqué avec l’équipe de recherche via une application Mindsets sur mesure.
Au début et à la fin de la période de huit semaines, tous les participants ont subi des évaluations physiques et cognitives. L’effet positif de huit semaines d’exercice sur la condition physique a été démontré par des augmentations significatives de la distance totale parcourue lors d’un test de marche de six minutes, les groupes d’exercice seul et les groupes combinés s’améliorant respectivement de 11,4 % et 9,9 %.
Le test d’attention soutenue à la réponse (SART) mesure les taux d’erreur au cours d’une activité cognitive. Les chercheurs ont constaté une réduction significative des erreurs et une augmentation des réponses correctes dans les groupes d’exercices uniquement et combinés.
Au cours du test STROOP, qui mesure la rapidité et la précision de la prise de décision, les chercheurs ont noté une amélioration significative dans le groupe d’exercice uniquement, le groupe d’entraînement cognitif et le groupe combiné.
Bien que la marche soit souvent une activité subconsciente, les chercheurs ont noté que l’activation des voies neuronales locomotrices au cours du processus de marche stimule le développement cognitif, car elle oblige les personnes atteintes du syndrome de Down à devenir plus vigilantes et à prêter attention à la tâche à accomplir.
La marche, et l’exercice en général, ne sont pas une activité naturelle pour de nombreuses personnes atteintes du syndrome de Down, mais cette étude montre que la marche est un outil puissant pour développer les fonctions cognitives et exécutives.
Pour la plupart des gens, marcher est une activité subconsciente, mais elle implique néanmoins de nombreux traitements d’informations et prises de décisions. Chez nos participants trisomiques, nous pensons que la marche a pour effet d’activer les voies locomotrices, de stimuler le développement cognitif et d’améliorer le traitement de l’information, la vigilance et l’attention.
Ces résultats sont potentiellement énormes pour la communauté du syndrome de Down, d’autant plus que la marche est une activité gratuite à laquelle la plupart des gens peuvent s’adonner. Une fonction cognitive améliorée peut conduire à une intégration sociétale et à une qualité de vie accrues, ce qui est important étant donné qu’il s’agit de la première génération de personnes atteintes du syndrome de Down qui survivront généralement à leurs parents.
Dr Dan Gordon, professeur agrégé de physiologie de l’exercice cardiorespiratoire à l’Université Anglia Ruskin et auteur principal de l’étude
Le Dr Henry Mahncke de Posit Science, le fabricant de BrainHQ, a déclaré : « Ces résultats nous rappellent que chaque cerveau est plastique et capable de changer. Même s’il existe des différences d’origine génétique, cela ne signifie pas qu’un cerveau peut le faire. » Cela ne change pas avec l’exercice, qu’il soit physique ou cognitif. Nous sommes ravis de voir ces résultats et attendons avec impatience de poursuivre les recherches.
Laura LaChance, directrice générale de la Société canadienne du syndrome de Down (CDSS), a déclaré : « L’étude Mindsets apporte des preuves statistiques selon lesquelles l’exercice peut apporter de multiples avantages aux personnes atteintes du syndrome de Down.
« Les données recueillies joueront un rôle essentiel dans l’orientation du nouveau programme de bien-être Mindsets du CDSS et dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes du syndrome de Down tout au long de l’âge adulte et du vieillissement.
Mindsets a été financé par la Société canadienne du syndrome de Down et soutenu par Posit Science et FCB Canada.