Des épidémies d’Ebola surviennent périodiquement dans divers pays d’Afrique subsaharienne. Bien que des vaccins existent et aient déjà reçu la préqualification de l’OMS contre le virus Ebola du Zaïre espèces, il est essentiel de poursuivre et d’intensifier les efforts pour compléter les données disponibles afin de développer des stratégies de vaccination contre Ebola sûres et efficaces chez les adultes et les enfants. Le consortium international PREVAC (voir encadré), qui comprend des scientifiques de l’Inserm et d’institutions d’Afrique, des États-Unis et du Royaume-Uni, a publié les résultats d’un essai clinique randomisé à grande échelle en Afrique de l’Ouest dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre. Ces résultats confirment l’innocuité de trois régimes vaccinaux différents et suggèrent qu’une réponse immunitaire est induite et maintenue jusqu’à 12 mois.
Dans un contexte où de nombreux pays d’Afrique subsaharienne sont régulièrement confrontés à des épidémies d’Ebola, les vaccins sont considérés comme un outil central pour lutter contre la propagation de la maladie. Depuis 2019, deux vaccins ont obtenu la Préqualification OMS contre le virus Ebola du Zaïre espèce : le vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP développé par Merck, Sharpe & Dohme, Corp., et le Annonce26.ZEBOV et MVA-BN-Filo régime vaccinal de Johnson & Johnson.
Au-delà de ces avancées, la recherche sur les vaccins Ebola doit se poursuivre. En effet, des données complémentaires sont nécessaires afin d’établir les recommandations les plus appropriées quant à l’utilisation de ces vaccins, dans différentes catégories de la population.
Trois schémas vaccinaux testés
C’est l’objectif du consortium international PREVAC. À partir de 2017, un vaste essai de phase 2 multicentrique, randomisé, contrôlé par placebo a mobilisé des équipes de recherche africaines, européennes et américaines travaillant ensemble au Libéria, en Guinée, en Sierra Leone et au Mali. Il s’agit de l’un des plus grands essais de vaccination contre Ebola à ce jour – mené auprès d’adultes et d’enfants âgés d’un an et plus.
L’essai visait à mesurer la rapidité, l’intensité et la durabilité des réponses immunitaires générées par trois schémas thérapeutiques différents contre Ebola, impliquant les vaccins mentionné ci-dessus. Elle a également évalué l’innocuité et la tolérance des différents produits administrés.
- Le premier schéma vaccinal testé consistait à injecter une dose de Annonce26.ZEBOV suivi 56 jours plus tard par une dose de MVA-BN-Filo.
- Le second régime consistait à injecter une dose de rVSVΔG-ZEBOV-GP.
- Enfin, le troisième régime a commencé avec une dose de rVSVΔG-ZEBOV-GP suivi 56 jours plus tard avec le même vaccin en rappel.
Au total, l’essai a inclus 1400 adultes et 1401 enfants âgés de 1 à 17 ans, qui ont été randomisés en plusieurs groupes pour tester et comparer les trois schémas thérapeutiques par rapport au placebo.
Les données obtenues suggèrent que les trois régimes sont sûrs et bien tolérés chez les adultes et les enfants. Après la vaccination et dans les 7 jours qui ont suivi, la majorité des participants ont signalé des douleurs au site d’injection et d’autres symptômes mineurs (fièvre, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête, etc.), qui ont généralement disparu après 7 jours.
Les trois régimes ont également généré une augmentation rapide, après 14 jours, de la quantité d’anticorps dirigés contre le virus, avec un pic entre 1 et 3 mois après la première vaccination. S’il n’est pas encore possible de dire si cette réponse immunitaire prévient l’infection, la littérature scientifique actuelle suggère une forte corrélation entre la quantité de ces anticorps et le niveau de protection contre le virus. Ces anticorps ont été détectés jusqu’à 12 mois après la première injection.
« Les données recueillies au cours de cet essai clinique sont précieuses car elles permettent de confirmer la sécurité et l’efficacité potentielle des vaccins disponibles, permettant d’affiner les recommandations vaccinales pendant les deux virus Ebola du Zaïre périodes épidémiques et inter-épidémiques, dans des populations à risque », explique l’investigateur principal du procès, Yazdan Yazdanpanah.
« Cet essai est marqué par un taux de rétention élevé des participants grâce à l’implication sans faille de tous les professionnels du domaine, et à l’adhésion de la population aux recherches qui ont conduit à ces résultats », explique le chercheur principal Mark Kieh.
« »L’essai PREVAC est un véritable exemple de réussite pour la recherche internationale sur les infections émergentes et ré-émergentes. Nous montrons qu’avec une collaboration solide fondée sur des partenariats solides, nous pouvons faire avancer la recherche sur Ebola dans les régions du monde les plus touchées par la maladie », souligne H Clifford Lane, Directeur adjoint du NIAID pour la recherche clinique et les projets spéciaux.
Le travail du consortium PREVAC en Afrique de l’Ouest se poursuit, en partie grâce à un financement européen de l’EDCTP soutenu par l’Union européenne. Les participants seront suivis sur une période de 5 ans pour évaluer l’innocuité à long terme des vaccins et la durabilité de la réponse immunitaire. Il est crucial d’obtenir de telles données, qui éclaireront par exemple s’il est nécessaire ou non de fournir un rappel vaccinal aux personnes déjà vaccinées.