Dans une étude récente publiée dans JAMA Network Open, les chercheurs ont examiné les symptômes dépressifs maternels dans diverses cohortes d’observation.
Étude: Trajectoires périnatales des symptômes dépressifs maternels dans des cohortes prospectives communautaires sur 3 continents. Crédit d’image : Pormezz/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
La santé mentale de la mère reste un facteur de risque d’issues indésirables chez la progéniture. Pourtant, les données contradictoires sur l’apparition de la dépression avant et après l’accouchement compliquent les politiques de santé concernant les délais d’intervention optimaux.
Des études indiquent une incidence plus élevée de dépression clinique maternelle après l’accouchement. Néanmoins, ces études manquaient d’analyses longitudinales prospectives pour délimiter le moment d’apparition.
En revanche, de vastes études longitudinales prospectives communautaires rapportent que les niveaux de dépression restent légèrement élevés pendant la grossesse et se maintiennent par la suite. Il est donc nécessaire de déterminer l’apparition des symptômes dépressifs afin de garantir des interventions rapides, compte tenu de leurs implications pour la progéniture.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont examiné l’apparition et la stabilité de la dépression maternelle. Ils ont analysé les données des cohortes suivantes :
1) cartographie du stress maternel prénatal (MAMS),
2) Étude préconceptionnelle de Singapour sur les résultats à long terme pour la mère et l’enfant (S-PRESTO),
3) grandir à Singapour vers des résultats sains (GUSTO),
4) Étude sur le bien-être prénatal à Montréal (MAWS),
5) étude sur l’adversité maternelle, la vulnérabilité et le développement neurologique (MAVAN),
6) Étude sur les résultats de la grossesse et la nutrition en Alberta (APrON), et
7) Étude longitudinale Avon sur les parents et les enfants (ALSPAC).
Les participantes ont été recrutées pendant la grossesse ou avant la conception. L’équipe a harmonisé les données sur les symptômes dépressifs maternels depuis la grossesse jusqu’à deux ans après l’accouchement.
L’échelle de 20 éléments du Centre d’études épidémiologiques sur la dépression (CES-D) a été administrée dans la cohorte MAVAN, tandis que l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg (EPDS) de 10 éléments a été publiée dans les cohortes restantes. L’EPDS et le CES-D ont mesuré la fréquence des symptômes dépressifs au cours de la semaine écoulée.
Des données sur l’âge de la mère, le niveau d’éducation, l’état civil et l’origine ethnique ont été obtenues. Les réponses individuelles au CES-D et à l’EPDS ont été analysées à l’aide de techniques de théorie des réponses aux items.
L’équipe a dérivé une estimation des traits de dépression latents par participant pour chaque instant, fournissant ainsi une trajectoire des symptômes dépressifs au fil du temps. Les groupes de participants ayant des trajectoires similaires ont été identifiés à l’aide du regroupement K-means.
Résultats
L’étude a porté sur 11 563 femmes enceintes âgées en moyenne de 29 ans. La plupart des participants (87 %) étaient des Blancs, suivis des individus d’Asie de l’Est (5 %) et d’Asie du Sud-Est (2,6 %). Les cohortes ALSPAC, APrON, MAWS, GUSTO, MAVAN, S-PRESTO et MAMS comprenaient respectivement 8 704, 953, 710, 329, 350, 86 et 431 participants.
Tous les sujets de la cohorte S-PRESTO, 97,4 % dans la cohorte MAMS, 94,9 % dans la cohorte MAVAN, 96,9 % dans la cohorte GUSTO, 97,2 % dans la cohorte MAWS, 97,4 % dans la cohorte APrON et 80,7 % dans la cohorte ALSPAC la cohorte avait un partenaire ou était mariée au moment du recrutement.
Les chercheurs ont observé trois groupes de mères en fonction de niveaux (élevés, légers ou faibles) de symptômes dépressifs dans chaque cohorte.
La trajectoire moyenne était stable pendant la grossesse jusqu’à deux ans après l’accouchement. De plus, l’équipe a examiné les symptômes dans un sous-groupe présentant une dépression probable, définie comme ayant un score EPDS ≥ 15 pendant la grossesse et ≥ 13 après l’accouchement.
De manière constante, ce sous-groupe a montré une trajectoire stable de symptômes dépressifs tout au long de la période périnatale.
Conclusions
Ensemble, l’étude a illustré trois groupes de participants à trajectoire stable présentant des niveaux faibles, légers ou élevés de symptômes dépressifs, en accord avec les études précédentes.
Les résultats suggèrent que les symptômes dépressifs maternels apparaissent (tôt) pendant la grossesse et restent stables pendant la période postnatale. Notamment, cette tendance a également été observée chez les mères présentant des niveaux cliniques de symptômes dépressifs.
Ainsi, la période prénatale précoce peut servir de moment pour identifier les trajectoires des symptômes dépressifs. Les résultats soulignent l’approche de l’American Psychiatric Association visant à renommer la dépression post-partum en dépression péripartum.
Les limites de l’étude incluent le manque de cohortes provenant des pays du Sud, ainsi que l’exclusion des participants utilisant des médicaments psychotropes dans quelques cohortes.
Dans l’ensemble, l’étude a montré que les différences interindividuelles dans les symptômes dépressifs maternels apparaissent au début de la grossesse et persistent de manière stable jusqu’à deux ans après l’accouchement. Ainsi, les initiatives et interventions de santé publique devraient se concentrer sur l’amélioration des symptômes dépressifs pendant la grossesse ainsi qu’après l’accouchement.