Dans une étude récente publiée dans Procédure de transplantationles chercheurs ont exploré la trajectoire des titres d’anticorps (Ac) après la vaccination contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) chez les receveurs d’organes solides (SOT) avec ou sans mycophénolate mofétil (MMF), ou retirés du MMF.
Les vaccins COVID-19 se sont avérés efficaces et sûrs dans les essais cliniques et les situations réelles pour le grand public. Cependant, les réponses Ab émoussées dans les SOT contre le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2) ont été préoccupantes. Les données sur les SOT sur les médicaments immunosuppresseurs puissants tels que le MMF pour prévenir le rejet de greffe d’organe font défaut car ils ont été largement exclus des essais cliniques du vaccin COVID-19.
Sommaire
À propos de l’étude
Dans la présente étude observationnelle prospective monocentrique, les chercheurs ont étudié l’immunogénicité des vaccins contre le SRAS-CoV-2 parmi les SOT et l’impact du MMF sur l’immunogénicité.
L’étude comprenait 78 SOT sous médicaments immunosuppresseurs qui ont reçu deux doses du vaccin COVID-19 à acide ribonucléique messager (ARNm) BNT162b2 de Pfizer-BioNTech et a été menée entre le 1er juillet 2021 et le 30 avril 2022. L’équipe a exclu les personnes ayant déjà subi une PCR (réaction en chaîne par polymérase )-antécédents COVID-19 confirmés ou anticorps anti-protéine de la nucléocapside (N) du SRAS-CoV-2 avant la deuxième vaccination contre le COVID-19.
Les participants à l’étude ont été divisés en groupes SOT : utilisateurs de MMF, non-utilisateurs de MMF et individus en sevrage de MMF. Les deux premières doses ont été administrées à ≥ 21 jours d’intervalle et des échantillons de sérum pour les mesures d’Ab ont été obtenus ≥ 14 jours après la deuxième vaccination contre le COVID-19 au cours de trois visites ambulatoires.
Les titres sériques d’immunoglobuline (Ig)G Ab du domaine de liaison au récepteur de la protéine SARS-CoV-2 spike (S) (RBD) ont été quantifiés à l’aide d’immunodosages enzymatiques chimiluminescents. Les titres Ab > 1,0 unités arbitraires (UA)/mL indiquent une séropositivité. Des échantillons de sérum ont également été utilisés pour le suivi thérapeutique du MMF.
L’équipe a exploré l’association entre la concentration de MMF immédiatement avant la deuxième vaccination et les titres d’IgG anti-S RBD lors de la première visite ambulatoire après la deuxième vaccination COVID-19. Ils ont également analysé de manière approfondie les lymphocytes B et le groupe d’auxiliaires de différenciation (CD) 4 + et le nombre de lymphocytes T cytotoxiques CD8 + avant et après le retrait du MMF.
Les trajectoires des titres Ab ont été évaluées à l’aide de diagrammes de densité et une modélisation linéaire à effets mixtes a été utilisée pour évaluer les variations d’une visite à l’autre des titres d’IgG anti-S RBD. La modélisation de régression restreinte non linéaire a exploré l’association entre les titres d’IgG anti-S RBD et les jours écoulés depuis la deuxième vaccination contre le COVID-19.
Résultats
L’âge médian des participants à l’étude était de 67 ans, et la plupart d’entre eux (76 %) étaient des hommes. Les jours médians de V1, V2 et V3 après la deuxième vaccination COVID-19 étaient de 46 jours, 107 jours et 188 jours, respectivement. Le retrait du MMF a réussi chez tous les participants sauf un, qui ont montré des valeurs élevées de LFT (test de la fonction hépatique) pendant le retrait. Aucun échec de greffe n’a été observé parmi les participants à l’étude.
De faibles taux de séroconversion (29 sur 42, 69 %) et de faibles titres d’Ac ont été observés parmi les SOT traités au MMF. Une relation linéaire inverse entre les titres d’Ac neutralisants (nAb) et la concentration de MMF a été observée. L’administration de MMF a modifié de manière significative les trajectoires de réponse d’Ab et, après le retrait du MMF, un nombre de lymphocytes B significativement élevé avec des titres d’Ab améliorés a été observé. Cependant, aucune différence significative n’a été observée dans le nombre de lymphocytes T CD4+ et CD8+ avant et après le retrait de la MMF.
Sur 78 participants, 82 % (n = 64) étaient séropositifs lors de la visite 1 (V1), dont 79 % (n = 15) étaient des utilisateurs continus de MMF et 61 % (n = 14) étaient des personnes en sevrage de MMF. Il est intéressant de noter que cinq individus du groupe de retrait de MMF étaient séronégatifs à V1 mais séroconvertis par V2 après le retrait de MMF sans vaccinations COVID-19 supplémentaires. Des titres anti-S RBD plus élevés ont été observés parmi les SOT sans MMF que les autres participants à V1 ; cependant, la distribution du titre Ab s’est déplacée vers zéro à V2 et V3.
conclusion
Dans l’ensemble, les résultats de l’étude ont montré des titres d’Ab nettement atténués parmi les SOT avec MMF de manière dose-dépendante après la deuxième dose de vaccin contre le SRAS-CoV-2. Les résultats sont essentiels pour élucider les contre-mesures optimales pour les SOT. Des réponses Ab réduites ont été observées à V3 parmi les trois groupes de SOT, ce qui sous-tend l’administration de rappel (troisième dose) pour les SOT.
Un retrait de MMF effectué avec précaution pourrait potentiellement améliorer les titres d’Ab parmi les SOT. Les SOT qui n’atteignent que de faibles titres d’Ab doivent continuer les NPI (interventions non pharmaceutiques), telles que la distanciation sociale et le port de masque.
Limites de l’étude
La conception de l’étude monocentrique et l’inclusion d’individus ayant des périodes relativement longues depuis la transplantation étaient les limites de la présente étude. De plus, les personnes vaccinées par rappel n’ont pas été incluses pour évaluer la durabilité des réponses Ab et les effets indésirables tels que le rejet d’organe et les complications de l’allogreffe. De plus, les réponses des lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques au SRAS-CoV-2 et leur expression de cytokines n’ont pas été évaluées.